Un départ [Seishiro/Road]

La nuit venait de tomber... Les rues de Konoha devinrent désertes et silencieuses... Les grillons chantaient parmis les hautes herbes de la forêt et parmi les arbres dormaient les animaux sauvages. Seule, une kunoichi marchait doucement, son visage portait un air anxieux et ses yeux débordaient de larmes. Road allait abandonner ses deux enfants et son fiancé pour voyager au-delà du pays du feu. Pour certaines raisons, Mao ne pouvait partir et emmener ses deux enfants avec elle allait être bien trop dangereux. Elle partit sans rien dire, même pas un mot écrit... Ce soir-là, elle avait probablement vu sa famille pour la dernière fois de sa vie. Elle s'arrêta de marcher, et contempla un moment le village de la feuille une dernière fois... L'esprit du zampakuto parla à la jeune femme d'une voix ferme et puissante:

*Comment peux-tu être aussi insensible? Abandonner le village où tu as rencontré ton fiancé et où tu as mit au monde tes deux enfants? Pourquoi Road? Tu es jeune, tu as tout ton temps pour voyager dans le monde entier...*

*Je ne veux pas attendre, Kurayamihime. Je sais que ce que je fais, c'est très égoïste de ma part. Mais vois-tu, il n'y a pas que cette envie de voyager... Konoha a trop changé depuis que j'ai posé le pied ici pour la première fois. La vie est trop courte pour attendre*

Il était vrai que la kunoichi agissait de façon inconsciente. Cependant, le danger ne lui faisait point peur. Quelques larmes coulèrent sur ses joues, puis elle reprit sa marche en tentant d'oublier cette douloureuse épreuve. Elle était en plein coeur de la forêt de Konoha, lorsqu'elle entendit des branches craquer de plus en plus fort. Road sortit son kunai et se mit en position de défense. C'est à ce moment-là, qu'une ombre masculine se posa devant elle: Cette silhouette était familière à la jeune femme, c'était un jeune genin qu'elle avait rencontré dans cet endroit, il y a quelques jours. Road balbutia, comme si elle avait reçu un choc:

"Sei... seishiro?"

Cette nuit-là, le ciel était dépourvu de toutes étoiles... Cette nuit-là, le soleil s'en était allé plus tôt que d'habitude, comme par peur de voeux de mauvaises augure. Cette nuit-là, le sommeil s'était, une fois de plus, dérobé à l'enfant. L'épaisse bruine humidifiait les tuiles déjâ froides sous le garçon qui s'était levé quelques heures plus tôt. Ses jambes étaient toutes repliées contre lui, enlacées par ses frêles bras. Sa tête s'était laissée tombé sur ses genoux, comme épuisée. Tout son corps frissonnait. Désormais, son pyjama ne lui tenait plus chaud. Ses sombres cheveux, encore tout ébouriffés par la nuit mouvementée masquaient à moitié son visage anxieux. En effet, en moins de temps qu'il n'en faillait pour le dire, un amoncellement d'étranges phénomènes s'était entassé dans un coin de son jeune esprit. Ces étranges phénomènes se présentaient sous l'apparence de visions qui vagabondaient çà et là dans son sommeil. Depuis un certain temps, déjâ, ces visions logeaient chaque soir dans ses rêves, pareil à la lune qui revient chaque soir pour essayer de s'insinuer dans notre esprit... Dans nos rêves...
Mais jamais elles ne s'étaient montrées véritablement perturbantes... Elles avaient tendance à rester dans leur coin et à observer les autres rêves de l'enfant. Cependant, depuis peu, ses mystérieuses visions devinrent plus dérangeantes, troublantes. Elles commençaient, doucement, à grandir, à prendre forme, pour bientôt remplacer tout rêve que le Gennin pouvait avoir. Le plus effrayant dans cette histoire, c'est que ses visions étaient bien souvent vrais, elles se passaient dans la vie réel. Une délicate brise brassa les cheveux du gamin. Son ventre se noua, ses mains se crispèrent. La dernière vision qu'il avait faite était inquiétante ; un personnage qui lui était très proche quittera le pays... Un personnage qu'il n'avait connu il y avait quelques jours, seulement, un personnage qu'il regrettera amèrement : Road.
Il ne pouvait le croire, il ne pouvait se faire à cette idée. Pourtant, la vision était claire ; il lui fallait intervenir!...

Son ample vêtement et sa chevelure noir se mirent à flotter mollement derrière lui quand le jeune garçon se releva. C'était décidé, il était forcé d'aller voir pour quelle raison son amie devait quitter le pays. Promptement, il descendit du toit pour rejoindre sa médiocre chambre où il s'habilla avec cette même fureur qui animait ces yeux le jour où ses parents moururent. Sans plus tarder, il s'élança dans la ruelle, armé de son piteux sabre en bois. Pourvut qu'il n'arrive pas trop tard, pourvut qu'il réussisse. Guidé par l'épais clair de lune, l'enfant voit défiler les différentes allées devant lui. C'est alors, qu'enfin, il atteint la porte de Konoha. A travers l'obscurité grandissant, il promène un regard circulaire. Les portes sont ouvertes. Consciencieusement, le gamin les traverse. Les terrains vagues laisses, bientôt, place à la forêt luxuriante du village de Konohagakure no sato. L'enfant ne s'arrête pas, il tient toujours le même rythme. Son souffle se raccourci, ses jambes flageolent, mais il continue à courir. Ses yeux sont en constant mouvements ; ils sondent les ténèbres, examinent les arbres et le sol en quête de potentielles traces ou autres indices. Inconsciemment, il s'arrête de courir. Son coeur bat si fort que son torse devient douloureux, quelques gouttes de sueurs perlent sur son front, ses bras semblent lourds et la tête lui tourne ; les premiers signes de fatigue se font ressentir. A son insu, ses yeux se ferment, comme s’ils étaient devenus trop lourds et son esprit lui offrit une étrange image ; une perle rouge suspendue à un fil de bronze se balance à un rythme régulier et toujours dans le même sens - de droite à gauche. Sans essayer de comprendre, le jeune Gennin examine l'image mentale. Aussitôt, le balancement las du collier change de trajectoire pour montrer une direction, puis, l'image se dissipe. Machinalement, Seishiro ouvre les yeux et observe la direction indiquée par l'étrange pierre écarlate. Il discerne, alors, une silhouette féminine. Discrètement, il s'approche avec des gestes prompts de la silhouette. A présent, le jeune garçon en est sûr, c'est bien elle, celle qu'il cherchait. Il perçoit à travers la nuit la maigre chevelure rose de son amie. Son but est là, il devait l'arrêter. Il s'approche encore un peu. Aussitôt, des petits gémissements se font entendre. Le Gennin plisse les yeux. Des larmes roulent sur les joues de la Kunoichi et son regard affligé fixe le sol, comme en signe de regret...
L'enfant fait un pas hésitant, ce qui a pour effet de produire un craquement inespéré. Surprise, la shinobi tourne la tête dans sa direction. Le Gennin constate qu'elle sort précipitamment un kunaï, alors que son sabre est à portée de main. Elle n'était pas sur ces gardes.

Le gamin approche d'un pas nonchalant. Il est conscient que sa silhouette se dessine délicatement au clair de lune. Il l'entend prononcer son nom d'une voix déconcertée. Il reste impassible. L'enfant vient de comprendre. Cette fille devant laquelle il se tient, est une traîtresse. D'un pas mal assuré, elle tente une approche maladroite. Le jeune garçon ne scille toujours pas, son visage reste de marbre. Sur les joues de l'adolescent, le sanglot ne semble pas s'arrêter. C'est alors que l'enfant se décide à parler d'une voix dure, tout en décrochant chaque syllabe.

"Deserteur!

Road sécha ses larmes, et fixa dans les yeux un long moment le shinobi qui était face à elle. Celui-ci l'avait traité à haute voix de déserteuse. Cette situation pouvant prêter à confusion amusa fortement la kunoichi: elle éclata de rire. Il est vrai qu'elle avait un peu dramatisé les choses en quittant son village. Vpyant l'expression dérangée de Seishiro, Road décida de lui annoncer la véritable version des faits:

"Déserteuse? Allons... Pas d'insultes. Il est vrai que je suis émue par mon premier départ en tant qu'ermite du village de Konoha... Je te prie de bien vouloir m'excuser pour cette confusion"

Peu de gens l'avait remarqué, la jeune femme ne portait plus son masque de tigre en bois, ni sa tenue d'ANBU. Elle en avait assez de se limiter à des missions et de rester cloitrée dans son village, elle avait besoin de courir et de respirer, loin d'ici. La pleine lune resplendissait dans le ciel sombre, sans nuages. Les deux shinobis étaient face à face, sans un mot. D'ailleurs, ce silence peu agréable dérangeait Road, qui décida de reprendre la parole rapidement:

"Hum... Tu sais... partir seule me chagrine un peu quand même... Et tu vois... depuis notre rencontre, j'ai vu que tu étais un jeune homme qui aimait prendre l'air, tout comme moi... Si jamais cela te tente, dis moi, sans me traiter de déserteuse bien sûr"

Road rit discrètement en prononcant la fin de sa phrase. En même temps, elle vit que Seishiro prenait à coeur son rôle de shinobi, c'était bien. Au fond, même si il l'a surprise, elle fut bien heureuse de retrouver un camarade qu'elle appréciait.

*Ca t'apprendra à en faire des tonnes pour un petit départ de rien du tout, Road*

*Kurayamihime, je t'en prie! Cela me rend tellement heureuse de partir pour des choses qui me plaisent réellement! Et si quelqu'un comme Seishiro m'accompagnait, ce serait le paradis!!*

Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme, heureuse d'avoir croisé le chemin du jeune garçon envers lequel elle éprouvait une affection particulière. Elle espéra de tout son coeur qu'il allait accepter de son propre gré.

Le jeune gamin n'aurait jamais pu deviner la suite des évènements ; son visage se rembrunit en apprenant le changement de grade de la shinobi. Dans sa tête, il y eu comme une lueur qui s'alluma, une lueur qui chassa les ténèbres de l'ignorance. Toute cette histoire l'avait précipité vers cette conclusion obscure et hâtive. Il n'avait même pas essayé de songer à toutes autres hypothèses. Le Gennin s'efforça de rester calme en se fondant dans l'ombre de la nuit... Cependant, le masque de ténèbres dissimulait mal l'énorme soulagement de l'enfant. Haut dans le ciel, une étoile fila, comme pour se moquer du destin de ce jeune garçon. Les étoiles, elles, n'étaient dépendantes de rien, elles étaient libres, tout comme la jeune kunoichi. Bien sûr, dans un sens, le gamin était ravi pour son amie... Mais là, tout au fond de son petit être, une flamme le dévorait, une flamme de jalousie qui voulait s'échapper, sortir par n'importe quel moyen. Les joues du Gennin s'empourprèrent. Sa tête tomba à la reverse et ses yeux fixèrent obstinément un coin sombre, cherchant à tout prix de se voiler la face. Le silence environnant était pesant. La lune restait muette, tout comme Road. Seishiro nota qu'elle commençait à trouver tout cela désagréable, peut-être trop impatiente...
Soudain, d'une voix pleine de sous-entendus, l'adolescente brisa le silence.

"Hum... Tu sais... partir seule me chagrine un peu quand même... Et tu vois... depuis notre rencontre, j'ai vu que tu étais un jeune homme qui aimait prendre l'air, tout comme moi... Si jamais cela te tente, dis moi, sans me traiter de déserteuse bien sûr"

Les paroles ébranlèrent l'intégralité du corps de l'enfant. Qu'était-ce ?!... Cette étrange sensation de pure joie... Était-ce la flamme de la jalousie qui se transformait, lentement, en doux parfum de bonheur...? Peu à peu, les étoiles, dans le ciel, disparaissaient, comme dévorée par l'horizon rosé de l'aube. La lune, elle, masquait tranquillement ses premières faces. C'était un spectacle sans égales. L'enfant fixa la jeune fille, un sourire complice sur les lèvres. D'un geste paresseux, il s'épousseta les cheveux. Ses lèvres commençaient déjâ à formuler la réponse positive, mais elles s'arrêtèrent pour se tordre en un rictus.
Konoha... Il ne pouvait se dérober de son devoir de shinobi aussi facilement. Ses dents se serrèrent. Ses mains se crispèrent. Ses yeux se fermèrent. Que faire...? Son regard circulait, vainement à le recherche d'un quelconque lueur d'espoir dans celui de son amie. Apparemment, elle n'en vit rien. C'est alors qu'il s'exprima d'une voix perplexe.

"Road... J'aimerais tellement venir avec toi, mais je ne peux pas me soustraire de mes activités de shinobi, au village... A moins que tu ne me prennes comme élève...

La phrase fut coupée par un sourire muet de la jeune fille. Trop jeune, le garçon ne comprenait pas encore toute la signification de se sourire, mais il était, à présent, certain qu'elle savait quelque chose qu'il ignorait... Quelque chose, du genre un droit que seul les ermites possèdent. La tête du Gennin pivota en direction du soleil levant. Les étoiles se faisaient délicatement cueillir par l'aube dans un ordre très laborieux. La lune, elle, se dissipait lentement dans la ciel rougeâtre ; la douce nuit faisait tranquillement place au jour.
Seishiro observe la scène à moitié ; bien souvent... Bien trop souvent, il avait été le spectateur du fantastique théâtre muet. L'adolescente, elle, semblait aussi inattentive que lui... Peut-être avait-elle ses raisons. Le garçon ne chercha même pas à comprendre. Tout se qu'il voulait, c'était de pouvoir faire se qui lui plaisait, sans pour autant transgresser les principales ordre des ninjas.

La bouche du gamin reste hésitante. Il jette un coups d'oeil inquiet en direction du village ; ses maîtres le surveiller à tout moment et c'est se qui emportera sa décision. Déjâ, ses lèvres entament les premières paroles, mais soudain, une désapprobation éclate de nulle part ; c'était Road. Le sourire de la jeune fille s'était dilapidé. A la place, son visage avait revêtit les traits marqués de l'impatience. Le nez froncé, la jeune femme reçut les premiers rayons égayant du matin. Elle reprit d'un ton plus marqué, plus sérieux...

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