Maison de Kajin (Ayame et Chô y sont assignés à résidence).

-Cette maison...

Une jeune femme, le regard vague, contemplait avec mélancolie la demeure de bois et de tuiles. L'enfant dans ses bras couinait de joie à son approche, et fixait avidement une des fenêtres à l'étage.

-Maman, Maman ! Regardes, c'est ma chambre ! S'écria-t-il en pointant du doigt la vitre fumée.
-Oui mon Chéri, mais c'était notre maison. Notre bonne vieille maison, telle que lorsque nous l'avons quitté.
-Humpf... Prenez vos affaires Ayame-Sama, nous repartons tout de suite après.

Un homme, leur garde du corps en quelque sorte, Jounin de son état, escortait les deux parents. Il était suivi (et surveillé) de très près par Griffin et Ouja, qui, bien qu'ils fussent suffisamment confiance au Mizukage pour leur fournir quelqu'un de bien, ne pouvaient s'empêcher d'épier ses moindres faits et gestes. Le chaperon chaperonné me direz-vous. Ainsi, et cela pour une durée indéterminée, Ayame et son fils Chô allaient être assignés à résidence chez l'homme de Kenda, Kajin, afin de s'assurer pour une question de prudence et d'équité que la Kunoichi ne tentait rien qui puisse nuire à Kiri Gakure no sato et à ses habitants, aussi bien villageois que Shinobi. Une fois arrivée sur le palier, la jeune femme déposa son enfant à terre, lui décoiffant la tête en passant ses doigts dans sa crinière couleur terre. Le ciel était bas, un vent froid faisait voler la poussière dans la lumière du crépuscule. Ayame entra alors en coup de vent dans la maison. Sans retenir sa force, elle fit coulisser la porte à grand bruit. Crrr... pan ! Puis, sans hésitation, elle avança d'un pas élancé à l'intérieur. Elle se laissa tomber sur un coussin, et posa à côté d'elle le sac qu'elle venait de dégager de ses épaules. La maison était vide. Aucune autre personne n'avait mis ici le pied depuis son départ avec Chô et Kyoko, il y a bien longtemps de cela. Une couche épaisse de poussière recouvraient les meubles de la demeure, les tapissant d'une couleur grisâtre, froide et triste. Ayame tendit légèrement le cou et tourna son regard sur la porte coulissante, encore grande ouverte, quand les quatre individus jetèrent un coup d'oeil dans la salle.

-Allez, entrez ! S'exclama-t-elle joyeusement.
-Voilà, voilà ! Tout de suite ! Répondit Chô, amusé par le ton rieur de sa mère. Puis, se retournant vers sa louve :
-Allons-y, Ouja !

C'était la jeune louve blanche à trois queues qui se nommaient ainsi. Elle n'avait encore jamais vu cette maison mais semblait toute aussi excitée que son jeune maître l'était. Elle le poussa vers l'intérieur avec sa truffe, et le regarda avec des yeux pétillants de malice trébucher tatami sur tatami jusqua dans les bras de sa mère.

-Bwourf ! t'es pas léger !
-Maman ! Maman ! On va rester ici , hein ?
-Non mon Chéri...

L'ambiance tomba de quelques mètres en un seul instant. Chô faisait décidément une mine triste incroyable... Vint le tour d'Ouja, qui rejoignit son petit homme et Ayame en trottinant légèrement. Griffin avança également vers eux, et se coucha auprès de son amie à deux pattes. il posa alors sa tête sur sa cuisse, et ronfla de bonheur dès qu'elle eut caresser énergiquement derrière ses oreilles. Seul Kajin restait le palier, attendant que la petite famille ne se décide à empaqueter le peu d'affaires encore épargnées des mites qui leur restaient. Mais Ayame l'interpela finalement, lui conseillant de se protéger du vent, qui soufflait de plus en plus fort. Il entra avec une quelque hésitation, déchaussant ses chaussures avant de monter sur les tatamis et de refermer soigneusement la porte derrière lui. Il alla s'installer un peu plus loin dans un coin de la pièce, sans quitter une seule seconde Ayame et son loup, tous deux ex-membres de l'Akatsuki. certes, ils avaient été pardonné par son Kage, et lui-même la respectait profondément pour ses actions passées en tant que Sabreuse de Kiri, mais un goût amer lui restait au fond de la gorge en la voyant, quelque chgose qu'il ne parvenait à se débarrasser.

...Suite...

-Ayame-Sama, on peut y aller à présent ?

La voix toujours aussi grave mais avec un léger ton d'implorance de Kajin retentit dans l'escalier. Elle atteignit les oreilles extrêmement distraite de la Kunoichi, qui répondit par un 'Oui, Oui !' dont chacun connaît la véritable signification. Elle aurait pu dire 'dans une petite heure' que Kajin aurait compris la même chose. Ainsi, il soupira longuement et s'appuya contre la rampe d'escalier, les mains profondément enfoncées dans ses poches. Son regard vague restait fixé sur le plafond, et seule sa respiration tranquille trahissait cette immobilité.
*VLAM !*
Il sursauta et fit volte face, un Kunai dans la main droite. Un énorme bruit venait de provenir de l'étage.

-Ayame-Sama !

N'obtenant aucune réponse, il se précipita dans les escaliers et les franchit quatre à quatre, avant de se retrouver devant une porte complètement enfoncée, comme frappée par un coup sec et précis. Avançant prudemment et laissant ses yeux suivrent la courbe formée par le coup dans la porte, il pénétra dans la chambre, inspectant minutieusement chacun de ses recoins. Un épais nuage de poussière illuminée par une lampe dans un coin de la salle cachait tous les meubles, et seule une silhouette se découpa dans l'atmosphère suffocante. Soudain, Ayame apparu, ses cheveux blanchit par la poussire et ses vêtements recouvert de morceaux de plâtres. Elle toussotait sèchement et un immense sourire illumnait son visage poudré de gravats, avant quelle ne se mette à hoqueter tant cela la faisait rire. Un rire clair résonna dans toute la maison, et il ne s'interrompit que lorsque la poussière se fut totalement dissipée, laissant un total aperçu de la pièce. Un Griffin a l'air profondément vexé se trouvait dans un coin, une énorme plaque plâtrée sur la tête, portée comme un chapeau, et la fourrure noire inreconaissable. Ouja et Chô, quant à eux, semblaient si embarassée par leur état, presque pire que celui du compagnon noir d'Ayame, fixaient le sol sans bouger.

-Mais ? Que... Kajin rangea son Kunai et soupira de soulagement. Il ne savait pas savait pas si il avait eu peur pour la jeune femme et sa famille, craignant la colère du Mizukage, ou si il avait cru pendant quelques instants que la Kunoichi avait failli à son devoir de ne rien faire qui nuirait à Kiri. Il effaça ces pensées de son esprit, honteux de penser qu elle fusse capable d une telle folie, et s approcha de la jeune femme en suffocant.

-Je suis navrée Kajin-San ! J ai voulu ouvrir la porte du grenier et tout le plafond est venu avec ! Alors voilà dans quel état nous sommes !
-Hum... Vous devriez faire plus attention, Ayame-Sama. Je crains que la colère de votre frère envers moi serait terrible s il vous arrivait quoi que ce soit. Il parla gravement, cherchant à toucher la raison d Ayame.
-Oh... Très bien, je ferai attention. Il serait dommage que vous ayez quelque ennui par ma faute.
-Cependant, j espère que vous êtes fin prête à partir.
-Oui, nous sommes prêts, tous ! Nous nous laverons chez vous !

Kajin ferma les yeux, tentant de visualiser l état de sa petite salle de bain après le passage de deux loups et d une mère et son enfant... Recouvert d une épaisse couche de poussière et de plâtre qui plus est. IL soupira encore, se demandant s il lui restait suffisamment de produit nettoyant, et retourna à l étage du bas d un pas ferme, claquant ses chaussures sur chacune des marches de bois grinçante.

-Nouvelle maison, nous voilà !
-… Enfin…

Ayame, son enfant marchant à côté d’elle, et tous deux semblant porter de lourds bagages, paraissaient bien petit par rapport à Kajin, auquel la pile dans ses bras était telle que même les mèches hérissées de ses cheveux ne la dépassaient. Il marchait, bien que très droit pour une telle charge, avec les genoux pliés et quelque peu tremblant. Concentrant son Chakra dans la plante de ses pieds, il parcouru les dix derniers mètres avant la porte en bondissant, franchissant le tout en un saut, et sans même que les bagages ne fasse un seul mouvement dans ses bras. Ainsi, il soulagea son dos en posant les paquets aux côtés de l’entrée, et soupirant faiblement. Sa respiration, un peu courte et sèche, était bien les seules chose qui trahissaient sa fatigue. Après tout, il habitait à l’opposé des anciens quartiers d’Ayame et de son fils Chô, et la côte à gravir pour monter jusque chez lui n’était pas des plus tendres.
La Kunoichi, quant à elle, arriva fraîche comme une fleur, deux malheureuses valises dans chacune de ses mains. Le petit Chô portait seulement un sac à dos, et chose assez comique il était plus large que l’enfant et dépassait à la gauche et à la droite de son corps. Les deux loups, eux, étaient depuis bien longtemps arriver et flânaient tranquillement sur le toit de tuiles en baillant largement. Soudain, alors que Kajin cherchait da,ns ses poches la clé de sa demeure, Ayame prit la parole avec un timbre de voix rayonnant :

-Merci beaucoup Kajin-San, mais vous auriez dû faire comme je vous l’avais demandé et me laisser porter quelques bagages de plus.
Il sembla complètement indifférent à la remarque, à tel point qu’il ne quitta pas le trousseau de clé qu’il venait de sortir de sa poche pour lui répondre :
-Je ne pouvais décemment pas vous laisser porter plus que l’usage ne le demande. Je garde une certaine dignité, Ayame-Sama.

Perplexe de cette réponse naviguant entre les frontières du machisme et de la galanterie, elle arriva à son tour aux côtés de la maison, et n’ajouta rien. Elle préféra au ce bavardage si peu constructif inspecter l’aspect de cette maison qui allait être la sienne, pour une durée qu’elle ne pouvait déterminer. Bien que la nuit venait de tomber, et que les rues du village soient déjà vide de monde, elle pu la trouver assez correcte pour être confortable, et apprécia tout particulièrement la façade boisée de la maison. Une porte semblant aussi épaisse qu’elle n’était décorée par une quelconque fantaisie prenant place au milieu du palier, abrité par un porche en tuiles et en un bois d’un ton plus foncé que celui de la façade. Soudain, après que la clé fut tourné dans la serrure dans un bruit métallique, la porte s’ouvrit devant elle, Kajin lui laissant la voie libre et attendant qu’elle entre pour en faire de même.

-Merci Kajin-San.
-Ma maison est votre, Ayame-Sama.

Et, esquissant un sourire de remerciement à l’homme, prenant dans la foulée la petite main de son fils, elle pénétra dans la demeure, impatiente d’en découvrir l’intérieur.

-Oh !

Ayame laissa son regard naviguer tout autour de la pièce, du simple meuble au plus petit recoin. Une lueur enfantine pétilla dans son regard noisette, et elle lâcha la main de Chô. Ce dernier ne se fit pas prier plus longtemps et trottina partout dans la maison en criant quelques cris de surprise joyeux, hurlant à sa mère l’objet de sa découverte. Mais, trop occupée à admirer ce séjour, la Kunoichi ne faisant que répondre par écho un ‘bien sûr, mon Chéri’ qui semblait suffire amplement à Chô, car il criait de plus en plus souvent et d’une façon de plus en plus enthousiasme. La couleur blanche des murs jurait un peu avec la noirceur du mobilier, mais donnait un côté original et sophistiqué à un point qu’elle n’avait jamais eu l’audace de faire.
Kajin surgit aux côtés d’Ayame, le visage impassible aux hurlements intempestifs du garçon. Il préféra poser les bagages les plus lourdes au devant d’un canapé très rétro, en cuir tanné, ainsi que les plus modestes sur une table basse en verre, installé au-dessus d’un tapis orné de calligraphie de toutes sortes. Ayame cru reconnaître les signes ‘honneur’, ‘devoir’ et ‘patrie’, mais l’homme se posta devant elle avant qu’elle n’eut le loisir de finir sa lecture. Il tendit sèchement un parchemin sorti d’on ne sait où, la main puissante et abîmée ne bougeant pas d’un cil. La Kunoichi se saisit de l’objet en balbutiant un quelque remerciement, avant de décoller le sceau en cire rouge et de dérouler le rouleau avec précaution. Elle parcourut les premières lignes en diagonales en jetant quelques coups d’œil intrigués au Jounin, qui semblait l’encourager à poursuivre en hochant froidement de la tête.



Ayame détacha son regard de l’écriture soignée du parchemin, comprenant à présent la situation dans laquelle était le village. Pour ne pas perdre une once de terrain par rapport aux autres villages, Kiri se devait d’accomplir le même nombre de missions qu’autrefois. De plus, ce village entretenait avec de nombreux Seigneurs alentours des rapports commerciaux importants, et il ne fallait surtout pas que le rythme baisse. La Kunoichi eut une pensée brève pour les Ninja du village, avant d’enrouler le message et de le glisser dans une de ses poches, maladroitement. Puis, attrapant d’une main la poignée d’une lourde valise, elle demanda fermement :

-Kajin-San, je sollicite votre aide. Veuillez m’indiquer où nous allons dormir, mon fils et moi.
-Dans ma chambre, Ayame-Sama…
La Kunoichi stoppa net.
-Hein?
-… Et je prendrai place au devant de la porte de mes anciens quartiers afin de vous surveiller la nuit, cela va de soi.
Elle se retourna lentement vers lui, le foudroyant du regard. Une aura de colère émana de son corps et plongea l’ambiance de la pièce à six pieds sous terre.
-Kajin… Elle abandonna le suffixe pour une version plus brève et bien moins polie de son prénom. Tu veux répéter ? Moi, et Chô, dans TA chambre ? Elle lâcha les bagages, qui s’écrasèrent lourdement sur le sol. Mais c’est absolument hors de question !
-Ayame-Sama, je conviens de dire que vous puissez trouver cela dégradant que de dormir dans ma pauvre chambre, mais je pense qu’en votre posture vous ne puissiez exiger plus de la part d’un Jounin comme moi. Je n’ai pas la prétention de posséder deux chambres, et certainement pas une aussi riche que celle que vous auriez pu avoir en restant à l’Ak-
-Mais il ne s’agit pas de cela, malheureux ! Comment as-tu pu imaginer une seule seconde que j’allais te priver de ton lit ? Chô et moi dormirons sur le canapé, nous ne sommes pas des pique-assiette !

Kajin en resta sans voix, et son visage, rester impassible et froid jusque-là, esquissa un faible semblant de sourire. La Kunoichi ne manqua pas de le remarquer et pointa son doigt sur la commissure des lèvres légèrement marquées du Jounin, clignant de l’œil et ricanant gentiment. Elle rangea alors soigneusement les bagages dans un coin de la pièce, grommelant faiblement en soulevant la moins légère qu’elle irait de ce pas acheter un meuble pour libérer la pièce de ce monticule de sacs.