Maison de Kaede Maruyama.

Kaede est assise sur la terrasse de bois de sa nouvelle demeure, une petite ombrelle en main, afin de protéger sa peau de lait et ses prunelles d'or fondu des luisants du soleil. Soleil qui brille de toutes ses forces puisqu'il est midi passé d'une heure.
La belle songe rêveusement à la vie qu'elle mène depuis son arrivée à Kumo, elle ne regrette pas d'avoir abandonné le domaine Maruyama depuis le meutre de Shizuka pendant leur fuite. En fait elle vit désormais assez calmement, elle a fait restaurer une petite maison à Kumo, avec la partie de fortune de son mari qu'elle a emporté. Elle est presque certaine qu'on ne la cherchera pas ici. Elle se complait à regarder les passants, silencieuse.



Son kimono de soie rose a glissé et dénude la rondeur de son épaule droite. Son petit poing fragile est serré sur le manche de son ombrelle, presque crispé. Elle la referme, préférant se mettre à l'ombre d'un des cerisiers, effleurant ainsi les fleurs de ses doigts fins. Elle pousse un soupir d'aisance, écoutant le chant si agréable d'un rossignol, perché sur la branche d'un des cerisiers de son petit jardin.

La Geisha, entendant qu'on frappe à sa porte, fait signe à sa domestique d'aller ouvrir la porte. Celle-ci était occupée à préparer le thé et pose avec delicatesse la théière de porcelaine. Elle sert Kaede depuis environ deux ans, et l'avait suivie jusqu'à Kumo, après avoir assisté à la mort de Shizuka. C'est une petite blondinette, souvent enjouée, très douce, et qui aime énormément Kaede, considérant celle-ci comme sa protectrice.
Elle va vers la porte, traversant le jardin, puis l'ouvre avec douceur, toisant la demoiselle qui lui fait face et demandant :

-"oui ? Vous désirez quelque chose ?"

La domestique referme la porte, ne voyant personne. La geisha lui demande, curieuse :

-"Qui était-ce ?"

Celle-ci répond avec douceur, riant légérement de la frébrilité de sa maîtresse.

-"Des enfants qui faisaient une blague, probablement."

Kaede se lève et quitte le jardin, entrant dans le salon et s'installant près d'une table sur laquelle sont posés un pinceau, un flacon d'encre et une feuille de papier de riz.

Le soir tombe sur la maison de Kaede, et déjà la domestique allume les lampions extérieurs au moyen d'un flambeau. Après un repas modeste, la Geisha se rend dans sa chambre, afin de troquer son kimono rouge contre un de soie blanche et translucide. Puis elle pose la coiffe des Geishas dans sa chevelure de jais, qu'elle peigne avec soin. Enfin, elle se dirige vers la porte de sa demeure.

-"Vous sortez madame ?" Demande la domestique.

-"Oui, j'ai envie de me promener ..."

Elle ouvre la porte, puis la referme avec soin. Le silence se fait dans la maison.

Comme d'habitude, c'est la domestique qui va ouvrir, ne prévenant même pas sa douce maîtresse, se refusant à la tirer hors de ses douces rêveries.
L'adorable blondinette, vêtue d'un kimono bleu ciel, ouvre donc la porte, et la bouche quasiment en coeur, demande au nouvel arrivant :

-"Oui ? Vous désirez monsieur ?"

Furieuse de voir tant de monde devant chez sa maîtresse, la soubrette s'exclame avec fureur, en agitant son petit poing vers la troupe d'homme.

-"C'est pas possible ça ! C'est pas un hotel ici ! Ah ... Aller du balais ! Kaede-hime n'est pas là de toutes façons !"