Washikara quitta l'épaule de son maître et s'envola. L'aigle n'aimait pas les villages, les zones urbaines ou s'entassaient des centaines et des centaines de gens, où on n'était pas libre de ses mouvements. Il préférait voyager dans les airs, et même la ville en ruine qu'était Ryoko Owari était oppressante pour lui. un village comme Konoha, il était clair qu'il n'aimerait pas. Le rapace s'éleva donc haut dans les airs, et disparut derrière la première couche de nuages blancs qui parsemaient le ciel. Rakurai, quant à lui, continua son chemin. Capuche rabattue sur la tête, il marchait pourtant droit. De son corps, on ne pouvait voir que ses mains qui dépassaient à peine de son sombre manteau trop long, ainsi que ses yeux, dont il avait bien évidemment besoin pour éviter de se cogner contre un arbre toutes les trente secondes. Ses yeux sombres scrutaient, loin devant lui, un point fixe, au-delà des troncs et des branches d'arbres qu'il évitait dans divers mouvements acrobatiques tous plus spectaculaires - ou ridicules, c'est selon - les uns que les autres.
Rakurai quitta enfin la dense forêt de Konoha, aux arbres épais, aux branches envahissantes et aux feuilles qui s'accrochaient aux vêtements, pour déboucher sur une muraille épaisse, en pierre et en métal, rongée par le lierre et les racines qui la parasitaient. Il était clair que le rempart du village n'était là que pour défendre. En tous cas, si le jardinier qui s'en occupait avait trouvé que son oeuvre était belle, soit il avait un goût excessivement mauvais, soit ça s'était passé quelques dizaines d'années plus tôt. Mais le Nukenin n'était pas là pour refaire une beauté à Konoha ou à ses murailles. Tiens, d'ailleurs, c'est vrai, ça... Pourquoi était-il là ? Jusqu'à une heure auparavant, il avait marché sans but précis, tête baissée, sans savoir où il allait. En fait, il n'avait pris connaissance du lieu où il arrivait que lorsqu'il avait entendu, à quelques arbres de lui, les membres d'une patrouille parler en rigolant du nouvel Hokage, et de ce qu'ils pensaient être le mieux pour le village caché de la Feuille. Heureusement pour eux, Rakurai avait acquis le réflexe de dissimuler sa présence sous tous ses aspects lors de ses déplacements. S'ils avaient senti la présence du Déserteur, ils seraient certainement allés à sa rencontre, et Konoha aurait compté quelques shinobis perdus de plus. Mais le Nukenin n'avait pas été repéré, et il était ainsi certain de ne pas avoir de problème en se rendant au village.
En longeant le mur, cherchant un accès au village - de préférence un accès par lequel il pourrait entrer dans la ville sans pour cela s'obliger à se cacher de tous durant son séjour -, Rakurai prit enfin conscience d'un détail qui s'avérerait peut-être compromettant une fois qu'il serait dans Konoha. "On" le connaissait. Certes, ce n'étaient que... Trois personnes encore en vie - Kenda Hyûga, Sasuke Uchiwa et Kazeshoshi Uchiwa -, car Kérézan et Peyns n'étaient, eux, plus de ce monde. Ca commençait à faire longtemps, maintenant, mais peut-être que son visage n'avait pas été oublié. Et si l'une de ces trois personnes se trouvait en ce moment au village de la Feuille... Il ne pourrait certainement pas en ressortir. Quoique, personne ne connaissait réellement ses talents. Il aurait une chance de s'en sortir, toujours dans l'éventualité où quelqu'un se rappellerait de lui. Et puis, cette probabilité était si peu élevée que le Nukenin se demanda rapidement pourquoi il craignait quelque chose. Il n'avait pas à avoir peur. Il n'allait pas à Konoha pour tuer. Certes, il n'avait pris aucune vie en trois jours, mais il pouvait encore se retenir longtemps, il en était certain. Du moins, si on ne le provoquait pas.
Rakurai arriva enfin devant les portes du village. Il se posta juste devant, debout, immobile. Apparemment, il n'était pas encore repéré...