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 Rêves (solo)

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Nishimi Seto
Chûnin de Suna
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Nishimi Seto


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MessageSujet: Rêves (solo)   Rêves (solo) Icon_minitimeMar 22 Juil 2008 - 17:16

Chapitre 1 : le rêve


Seto, étendu dans l’herbe verdoyante de Taki no kuni, réchauffé par le soleil ardent de début d’après-midi, jouait avec un kunai. Il le lançait en l’air et le rattrapait par le manche, puis le faisait tourner autour de son doigt glissé dans l’annelet. En face de lui, une cascade grondait en s’unissant avec le torrent dans lequel elle plongeait. Le shinobi de Suna se sentait gagné par ce bien-être envahissant propagé par la nature. Il rattrapa adroitement son kunai et l’ introduisit dans sa poche.

Il était fatigué. Oui, fatigué. Il était venu à Taki pour voir du pays et prendre un peu de repos –oh, très peu, à peine une journée ou deux- , mais le voyage à travers le brûlant désert s’était révélé très éprouvant. Seto, sans y penser, sans s’en apercevoir, glissa doucement dans les bras de Morphée, et avec lui fondit dans l’abîme du rêve.

Il était à présent dans le ciel. Il ne volait pas, non, mais une surface dure et invisible semblait se dérouler sous ses pieds, spécialement pour lui. Il était dans un rêve ; à ce moment encore il le savait confusément, et c’était pour cela qu’il n’avait pas peur, qu’il n’était même pas étonné. De son perchoir céleste, il voyait tous les horizons de la Terre. Tel devait être le spectacle que les grands dieux de l’Olympe contemplaient jadis, à leur époque, du haut de leur puissance. A ses pieds, les cinq grands villages ninjas lui semblaient bien vaniteux. Il voyait Konoha, la feuille verte, Suna, la tache au milieu des étendues désertiques, Kiri, le grand lac aspergé par la pluie, Kumo, le paratonnerre géant… Il cherchait les ruines d’Oto, mais ne les trouvait pas. Quant à se chercher lui, fourmi insignifiante au milieu d’un village (Taki) qu’il ne voyait même pas, c’était perdu d’avance. D’ailleurs, était-il là-bas ou ici ? Dans l’herbe ou dans les cieux ? Selon toute logique, il était à Taki. Mais alors que faisait-il ici ? Etait-ce bien lui ? Son esprit avait-il été expulsé de son corps ? Et bien sûr, la question qui découlait logiquement de toutes les précédentes mais qu’il refusait de se poser… Etait-il mort ? Tout à ses sinistres interrogations, Seto ne remarqua pas que quelqu’un s’approchait de lui. La voix d’outre-tombe le fit sursauter violemment.

« Te voilà. »

Le nouvel arrivant était revêtu d’une robe longue. Une robe de Kage. Le genin le scruta pour voir de quelles couleurs étaient les motifs de la robe, et par là même à quel village appartenait son interlocuteur. Au début, il lui sembla distinguer un coloris, mais il ne put décider quelle teinte c’était. Plus il l’observait, et moins il arrivait à le voir. Tout d’un coup un flash aveuglant le fit chanceler. Tandis qu’il tombait sur le sol, il sentit une souffrance telle qu’il n’en avait jamais ressenti jusqu’alors irradier dans ses yeux. Il ne voyait plus rien. Il entendit la voix du mystérieux personnage, qui apparemment se voulait apaisant.

« Je suis le Kage Suprême. Seuls les yeux déjà morts peuvent me voir sans danger. Tu es aveugle jusqu’à ce que tu partes d’ici. »

Seto, essayant de calmer sa douleur, posa la question qui lui semblait la plus importante et la plus urgente.

« Où sommes-nous ?

- Nous sommes dans l’étoile Sirius, la demeure des âmes perdues selon les Egyptiens. Nous sommes à l’endroit où vont les morts. »

Le shinobi sentit un poids pesant lui broyer toute idée, l’oppresser. Son cœur s’arrêta de battre (mais battait-il encore ?).

« Alors… Je suis mort ?!

- Tu ne l’es pas encore, mais une possibilité t’est offerte de demeurer chez les défunts. Alors, en effet, tu le seras. Je vais t’emmener visiter les endroits où les morts peuvent habiter pour l’éternité. Ensuite, tu choisiras… Ou tu redescendras. Mais je dois t’avertir : si tu choisis de réintégrer ton corps, tu ne pourras plus être pleinement heureux. Jamais. A moins de trouver quelqu’un qui t’aime plus que tu ne t’aimes toi-même, mais te connaissant cela pourrait bien ne jamais arriver. La vie te réserve des épreuves bien difficiles… Et tu peux décider de les vivre ou de les éviter. A toi de voir. Allez… Suis-moi. »

Et il s’éloigna. Seto, toujours incapable de le voir, dut s’orienter au bruit de pas. Par chance, et contrairement à l’arrivée silencieuse, ce bruit claquait et résonnait abondamment, jusqu’à lui faire mal aux oreilles. Il cheminèrent ainsi pendant une durée que le genin n’aurait su évaluer, puis il sentit qu’on attrapait sa main. Le contact était étrange, presque inconsistant. Il entendit la voix.

« Ici habitent les âmes de ceux qui, par leur choix, se sont imposé une pénitence volontaire… mais atroce. Pose ta main là, tout contre la paroi, et ressens les tourments des habitants de ce qui sera peut-être ta future patrie. »

Seto appliqua sa main… Et le regretta aussitôt. Il voulut l’enlever, mais elle restait fixée, comme inamovible. C’était insoutenable. Des corps torturés. Des esprits ravagés. Des âmes dévastées. Des bouches qui voudraient crier leur souffrance mais qui ne peuvent pas. Des doigts qui voudraient tout arracher de leur peau, de leurs os, pour que cela cesse. Mais cela ne cessera jamais. Ils le savent et c’est cela la douleur suprême. Ce sont des malheureux qui souffrent à en mourir mais qui ne peuvent pas mourir… Car ils sont déjà trépassés et enterrés.

Le genin exhala un soupir tandis que sa main, dans un bruit de succion, quittait enfin l’invisible cloison. Il s’affala sur le sol, ou plutôt sur le ciel. Il respirait difficilement, il était trempé de sueur. Il sentit à peine la main qui le releva. L’esprit vide, titubant, il suivit son guide jusqu’au deuxième habitat possible. Il dut faire un violent effort pour se reconnecter à la voix du Kage qui lui disait :

« Ils l’ont choisie, cette non-existence. Sans doute ont-ils senti qu’ils ne méritaient que celle-là et que dans les autres ils n’auraient pas pu en profiter. Mais on a le choix. On a toujours le choix. Voici maintenant la maison des intermédiaires. Ils ne sont ni vraiment heureux, ni malheureux. C’est limite s’ils savent qu’ils ne sont plus en vie. "

Seto posa craintivement sa main. Il perçut une tiédeur écœurante qui filtrait des activités monotones de ces morts. Il ressentit aussitôt pour eux un certain mépris, qui ne faisait que s’accroître. Ils vivaient (façon de parler) vautrés dans leur médiocrité. Ils végétaient. Sans but, sans ambition aucune, ils ne faisaient que suivre la routine désespérante d’une non-existence inutile. Ils s’ennuyaient profondément. Ils étaient lâches : sans doute n’avaient-ils pas osé aller dans l’une ou l’autre des deux autres demeures possibles. Une sorte d’incessant babillage parvenait aux oreilles du shinobi, et cela l’horripilait.

Il décolla sa main. Une chose était sûre : il ne choisirait certainement pas d’aller dans une des maisons qu’il avait visitées. La première lui inspirait l’horreur, la seconde le dégoût. Il suivit donc le mystérieux Kage qui l’emmena sentir la troisième. Seto se hâtait tant qu’il pouvait ; il avait raisonné, et déduit que forcément, cette habitation devait faire ressentir le bonheur.

Il ne s’était pas trompé. Dès qu’il appuya sa main, en toute confiance, contre la paroi, il se sentit envahi d’un bonheur sauvage, profond, bouleversant. Et il ce fut le seul endroit où il entendit des voix, des vraies voix, claires, pures et plus belles que toutes les voix que l’on pourrait jamais entendre sur la Terre : des voix comblées. Il aurait dû pleurer de joie ; il n’avait plus les yeux pour cela. Il lui semblait que d’écouter tous ces morts bavarder gaiement réparait au plus profond de lui quelque chose qui s’était brisé devant la maison de la Douleur. Et soudain, entre toutes les voix, il en reconnut une : celle de Gaara-Sama, le Kazekage tombé au combat. Seto tomba à genoux devant lui et lui présenta muettement ses hommages les plus sincères. Bien sûr, son ex-Kage ne pouvait pas l’entendre, ni même savoir qu’il était là, et même dans ce cas il ne l’aurait sûrement pas reconnu. Mais le genin gardait de lui l’image de l’homme le plus dévoué à son village qu’il ait rencontré ou qu’il rencontrerait jamais. Et Seto rit en pensant que s’il était si heureux, c’était peut-être parce qu’il observait Suna et qu’il voyait que son cher village se développait toujours, et même encore mieux, depuis le changement de Kazekage.

« Il est maintenant temps pour toi de choisir. »

Le genin décolla à contrecœur sa main et ressentit d’autant plus le grand vide qui l’environnait. Après avoir connu pareille félicité, le monde lui semblerait odieux. Il réfléchit au choix qui se proposait à lui : soit il entrait dans cette maison du Bonheur immédiatement, soit il regagnait son corps resté à Taki no kuni. Il aurait bien voulu rester dans la maison, mais il ne s’en sentait pas digne. Pas encore. Il devait gagner sa place, il devait suer et peiner, lui aussi, pour le bien de son village. Et puis il était fort curieux de savoir s’il réussirait à trouver quelqu’un qui l’aimerait plus qu’il ne s’aimait soi-même. S’il devait réussir, il serait extrêmement dommage de rater une rencontre pareille. Il se prépara donc à être malheureux pour longtemps, mais pas (du moins l’espérait-il) pour toute sa vie.

« Je choisis de vivre. » dit-il au Kage suprême.

Celui-ci hocha la tête : cette décision ne semblait pas vraiment le surprendre.

« Va donc, va et je te souhaite une longue vie. Mais n’oublie pas que quelle que soit celle-ci, nous nous reverrons un jour, ici. Et cette fois tu devras choisir. Tâche de te montrer digne de la maison que tu aimerais rejoindre. »

Et il lui lâcha la main. Seto eut l’impression de faire une chute vertigineuse, et de voir son corps endormi se rapprocher à une vitesse anormale. Mais ce fut tout en douceur qu’il le réintégra, avec un regard vers l’étoile Sirius, invisible d’ici.

Seto ouvrit les yeux, bailla, s’étira et dit d’une voix ensommeillée :

« J’ai bien dormi. Mais j’ai fait un rêve étrange. »

Alors un voile gris sembla se déchirer devant ses yeux, et il vit Taki. Et avec sa vue, toute la mémoire lui revint. Il promena un regard sur le paysage, qui lui sembla étrangement gris et vide. Pour qu’il cesse d’avoir cette impression, il faudrait qu’il trouve une personne l’aimant plus qu’il ne s’aimait lui-même. Il serra le poing et le brandit en direction du ciel dans un air de défi, prenant la cascade à témoin.

Il trouverait !


Dernière édition par Seto Nara le Lun 18 Aoû 2008 - 10:57, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Rêves (solo)   Rêves (solo) Icon_minitimeVen 15 Aoû 2008 - 0:18

Chapitre 2 : Retour à Taki et rencontre avec Balberith



Seto était assis dans l’herbe, à l’endroit exact où s’était déroulé un des moments les plus importants de sa vie, alors justement qu’il ne vivait pas. Pèlerinage ? En quelque sorte. Fascination surtout, attirance inexpliquée sur les lieux de l’origine de son malheur Et, seul, le shinobi ruminait des pensées dépressives en mâchonnant un brin d’herbe. Il se prit la tête à deux mains.

A quoi servent donc les vanités, les buts de cette vie souvent trop courte ? Tout n’est qu’illusion. On forme des projets, on entretient l’espoir…et un beau jour on s’aperçoit que cela est vain et stupide. En réalité, quelque part on l’a toujours su, mais jusqu’à présent on avait encore envie d’y croire… Lui-même, par exemple, il n’avait toujours pas trouvé son salut, son seul espoir hypothétique d’un bonheur futur, une personne qui l’aimerait plus qu’il ne s’aimerait lui-même. Trouverait-il un jour ? Il commençait à se poser la question tueuse d’espoir, malgré la promesse qu’il s’était faite plus tôt ici même.

A ce moment, alors que dans son esprit se formaient les mots, il sentit quelque chose remuer en lui. Quelque chose de ténébreux et de profondément enfoui. Cela lui fit peur, un peu. A peine. En ce moment, en cet endroit, il était tellement détaché des choses de ce monde qu’il s’en fichait bien de basculer dans les ténèbres. De toutes façons, la lumière est parfois si sombre et la nuit parfois si claire qu’il est souvent bien difficile de faire la différence. Et pourquoi pas répondre à ce qui semblait être un appel ? Cela le distrairait. Il porta ses mains à ses tempes et se concentra. A mesure qu’il arrivait à écouter en lui ce qui lui était étranger, il perçut d’abord quelques coups sourds dans son esprit, puis de plus en plus forts, comme si une bête sauvage était enfermée et qu’elle essayait de se libérer. Non, pas exactement ça. Comme si quelqu’un était prisonnier et qu’il appelait désespérément à l’aide, qu’il tentait par tout les moyens de se faire entendre d’un congénère. Dans un suprême effort, il se concentra au maximum et entendit une voix, faible d’abord, puis de plus en plus distincte au fur et à mesure qu’il y prêtait attention.

« Seto… Entends-moi, Seto, fais-moi sortir, ensemble devenons plus puissants… »

Le jeune homme se figea. Ca, ça l’étonnerait bien que ce soit un appel de la lumière. Mais qu’importe, après tout ? De la puissance, il en voulait, il en avait besoin. Et il était prêt à tout pour l’obtenir, alors pourquoi donc était-il en train d’hésiter ? Pour couper court à toutes ces pensées, le Nara rassembla tout d’un coup toute sa force mentale et l’envoya à l’assaut du verrou invisible. Celui-ci s’avéra plus résistant que prévu. Et pourtant… Peut-être subsistait-il dans une part de son esprit une voix qui lui interdisait de continuer, qui le suppliait de rester sur le droit chemin, qui se souvenait du Kage suprême et qui aspirait à trouver la paix en compagnie de Gaara-sama. Mais cette puissance, il la voulait avant tout pour protéger son village et ses proches, même si lui devait pour cela se laisser guider par les forces obscures. Il n’avait pas le choix.

Alors, comme un écho brisé de quelque chose de lointain mais d’infiniment beau, la voix du Gardien des âmes lui revint faiblement :

« On a toujours le choix… »

Mais cette voix, il la fit taire. Il se dit, en rassemblant sa volonté, comme pour donner un ordre à tout son être :

« Je veux les ténèbres !!! Aspirez-moi, faites de moi un des vôtres ! Mais donnez-moi la puissance ! »

Ces paroles avaient été prononcées sur un ton de plus en plus affirmé, de plus en plus sûr de lui, dominateur. Et… paf, le verrou sauta.

Une sensation de pouvoir nouveau se répandit dans son corps et dans son mental, lui procurant à la fois terreur et exaltation. C’était bon. Et cette voix, quand la voix étrange de son hôte résonna de nouveau, il remarqua pour la première fois que, malgré son timbre rauque et métallique, elle était très agréable.

« Enfin libre… Merci. Je me présente : je m’appelle Balberith, et je suis un démon. Ton démon. Tu me loges en ton corps, tu me sers de réceptacle depuis le jour où tu as commencé à être malheureux. J’aime le malheur et le désespoir, et t’habiter me donne beaucoup de satisfaction. Et moi, en échange, je vais te donner de la puissance. Plus de puissance que tu n’en as jamais rêvé, un pouvoir d’origine infernale. Mais pour cela nous devons faire un pacte : je suis un des démons les plus puissants, et l’aide de l’entourage du Prince des Enfers ne s’obtient pas comme ça. Voilà : tu vas écrire avec ton sang ton nom dans ma main, et je vais faire de même. Quand tu m’appelleras, je me réveillerai en toi et j’apparaîtrai dans ton esprit. Alors nous pourrons ensemble gouverner ton corps, et si tu le désires, une corne comme la mienne te poussera momentanément et nos deux esprits fusionneront, faisant de toi pour un court moment un serviteur du très puissant Lucifer. A ce moment, tu pourras littéralement sentir l’afflux de chakra et de puissance dans tes veines et dans ton cerveau. Mais… je te demande quelque chose en contrepartie : laisse-moi prendre peu à peu possession de toi, m’installer en toi, t’aménager à ma convenance. Voici ce que cela signifie : au fur et à mesure que tu m’appelleras, et selon la fréquence de ces appels, ta personnalité, ou du moins certains aspects, changera et deviendra renfermée et ténébreuse. Ton physique sera aussi modifié, lentement tes cheveux deviendront gris, tes yeux gris sombre et ta peau prendra une teinte sombre. En plus de tout cela, tu ressentiras encore plus que maintenant ton malheur, à tel point que ta vision sera grise, morne, et que tu pourras voir le bonheur des autres par un éclaircissement coloré autour d’eux. Le seul moyen d’échapper à cela est toujours de trouver quelqu’un qui t’aime plus que tu ne t’aimes toi-même, mais cela réduirait aussi un peu mon influence, et par là même l’aide que je peux t’apporter, me ferait perdre du terrain. Bien, je crois que je t’ai tout expliqué, que mes propos sont clairs. Acceptes-tu ma proposition, signeras-tu avec moi ce pacte ? »

Une forme sombre apparut devant ses yeux, telle une illusion. Balberith était encore inconsistant, mais, après qu’ils auraient eu une assez longue existence en commun, il serait assez fort pour se solidifier et prendre corps lui-même. Seto le détailla, curieux de savoir à quoi pouvait bien ressembler « son » démon. Il était grand, mince et musclé. Sa peau était entièrement grisâtre, et sur son front une longue corne perçait. Il portait sur le côté une arme étrange, brillante, recourbée par endroits, assez indéfinissable.

Tout en observant la créature, le shinobi réfléchissait. Sa personnalité et son physique… Bouerf. Il n’y tenait pas particulièrement, et puis de toutes façons il était déjà assez peu sociable, et à part le détail de l’épiderme gris, le démon n’était pas désagréable à regarder. Restait le problème du malheur qui pesait déjà sur lui et qui allait se renforcer. Il s’était habitué, à la longue. Il s’habituerait à nouveau, jusqu’à oublier ce que signifiait être heureux. Oui, il oublierait, et apaiserait sa souffrance en protégeant son cher village, et quand il pourrait en faisant souffrir psychologiquement ceux qu’ils croiserait, comme des exutoires qu’ils étaient pour lui. Il était assez fort dans ce genre d’exercices, la torture psychologique. Pour acquérir autant de pouvoir, ces mauvais côtés semblaient un prix raisonnable à payer. Et puis n’avait-il pas dit qu’il était prêt à tout ?

Il sortit un kunai de sa poche à projectiles, et, l’enfonçant dans sa main, trempa son doigt dans le sang qui coulait à flot. Il traça lentement en lettres écarlates, dans la main de l’illusion, le mot « Seto », en regardant son vis-à-vis dans les yeux.

« Démon Balberith, je conclus aujourd’hui avec toi un pacte de sang, selon les arrangements que nous avons conclu oralement. Puisse ce serment tenir jusqu’à ce que nous le rompions d’un commun accord, et que celui qui le trahira perde tout pouvoir et soit poursuivi par la colère des Enfers !»

Balberith se soumit à son tour au rituel du sang, puis sourit, découvrant ses dents qui étaient peut-être la seule partie de son corps à n’être pas grise.

« Bien. Jeune Seto, tu as tout dit. Sache que je suis infiniment plus vieux que toi, plus vieux peut-être que cette Terre elle-même. Même pour un démon, je suis légèrement au-dessus de la moyenne d’âge. Et si j’ai choisi de t’habiter, c’est parce que j’ai senti en toi un potentiel qui, lui aussi, dépassait la moyenne. Transformons-le en puissance… Et dominons ce monde ! Appelle-moi si tu en as besoin, ou, tout simplement, si tu veux parler. J’apprécie la conversation. »

Le jeune homme sentit plus qu’il ne vit Balberith se dissoudre et rentrer en lui par sa bouche, par ses yeux, par toutes les pores de sa peau. Il perçut aussi sa présence dans son esprit, qui commençait à se faire plus distante, jusqu’à ce qu’il ne la sente presque plus. Il savait qu’à chaque appel, le démon s’en irait de moins en moins loin, jusqu’à finir un jour par rester en fusion permanente avec son esprit. Mais ce jour était encore loin.

Et il n’abandonnait pas l’espoir, malgré l’immersion totale et apparemment définitive qu’il venait de faire dans les ténèbres, d’accomplir un jour son nindô.

Mais en regardant la cascade qui avait été le seul témoin de sa résolution passée à le réaliser, il se dit qu’il garderait le secret sur tout cela. Personne à Suna ne saurait ce qu’il venait de lui arriver, même pas son ami Kentaho, même pas son Kazekage. Pourquoi ? Parce qu’il ne lui semblait pas une bonne idée de dire au monde entier qu’il avait conclu un pacte avec les forces du Mal et qu’il était prêt à commettre n’importe quel acte pour plus de pouvoir. Pour l’instant, il se contenterait de défendre Suna, et voilà tout. Quoique peut-être quelqu’un d’avisé et/ou de malheureux découvrirait la vérité enfouie au fond de ses yeux. Les yeux, le miroir de l’âme…

Tournant brusquement les talons, Seto s’en alla, glissant comme une ombre noire dans le paysage, insensible à sa beauté, imperméable à tout bonheur. Sans bruit…
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