Premiers mouvements... [solo]

Civil Nombre de messages : 106 Age : 31 Date d'inscription : 20/01/2008

Cela faisait plusieurs semaines que Rakurai s'était réinstallé à Ryoko Owari - dans l'immeuble qu'il occupait alors que Kérézan le manipulait. Pendant presque un mois, il avait préparé son plan d'action tout en reprenant ses anciennes habitudes, délaissées pendant deux semaines tout au plus. Trafic avec les petits dealers de son quartier, réunions secrètes avec des membres d'un important réseau d'assassinat dans la ville... Bref, le train-train qu'il connaissait maintenant par coeur. Mais le Nukenin, à chaque fois qu'il croisait les hommes qui le croyaient de leur côté, souriait intérieurement à l'idée d'anéantir tous leurs espoirs de vie meilleure ou de vengeance sur quelqu'un qui les avait offensés. Tous ces hommes qui traînaient dans la ville mal famée sans but précis - juste survivre - étaient méprisables. Leurs objectifs étaient à la hauteur de leur capacité à survivre dans Ryoko Owari avec leur faiblesse : bas, très bas. Ce trafiquant heureux lorsqu'il gagnait assez pour s'acheter à bouffer était pitoyable; l'assassin qui tuait un homme juste pour du fric n'était pas mieux. Au moins, il n'aurait plus à supporter ça longtemps. C'est cette pensée qui lui donnait le courage de fréquenter des hommes - et des femmes - qu'il détestait.

Ce matin-là, donc, Rakurai l'avait attendu. Plus ou moins patiemment, mais il y était enfin. Le bon moment pour commencer à frapper était celui qu'il avait choisi; il en était sûr. Il avait établi le programme de la journée au fur et à mesure que les jours d'attente s'étaient écoulés. Alors qu'il venait de se lever, il jeta un oeil sur la feuille noircie par son encre. Première cible : le fameux dealer. Celui-là n'en avait plus pour longtemps. Trente minutes plus tard, son corps serait étalé par terre, au fond d'une ruelle sombre. Sa mort, on ne la remarquerait pas avant au moins quelques heures. Rakurai avait largement le temps.

Lorsqu'il tourna à l'angle du passage au milieu duquel il avait l'habitude d'acheter sa beu, le Nukenin ne ressentait aucun remords, même s'il savait que l'homme qu'il s'apprêtait à tuer croyait être son ami. C'était comme à chaque fois qu'il avait prémédité un meurtre et qu'il était sur le point de l'éxécuter : il se vidait la tête de toutes les pensées inutiles pour être sûr de ne pas hésiter au moment fatidique.

A l'autre bout de l'étroit passage, une ombre se découpa dans l'éclat lumineux du soleil encore bas dans le ciel. Sans hésiter, le dealer s'avança droit vers celui qu'il croyait être son client. Rakurai, comme d'habitude, ne détourna pas le regard à un seul moment, pas même quand sa future victime plongea la main à l'intérieur de son pantalon pour en sortir un sachet de dix grammes de beu verte...

Civil Nombre de messages : 106 Age : 31 Date d'inscription : 20/01/2008

Rakurai ne repassa pas par chez lui. Même s'il avait pris soin d'effacer les preuves de sa culpabilité sur le lieu du crime, il préférait s'assurer que personne ne débarquerait chez lui - c'était peu probable, mais tout le monde pouvait malheureusement avoir des amis, même à Ryoko Owari. Autant prendre le maximum de précaution, surtout si elles lui faisaient gagner du temps. Il se dirigeait donc vers le coeur de la ville des malfrats, avec dix grammes de drogue soigneusement enfermés dans un pochon dissimulés dans une poche intérieure de son manteau. En vérité, le "centre-ville" n'était pas sa destination. Il comptait dépasser le quartier des riches - des plus pourris de la ville, en gros - sans oublier de jeter un coup d'oeil aux somptueuses demeures en se demandant laquelle il s'approprierait plus tard, et s'arrêter dans ce qu'on appelait l'"anneau intérieur" de Ryoko Owari, là où les maisons "normales" s'entassaient sur la largeur de l'anneau - à savoir 125,78 mètres exactement. Lui-même habitait dans cet anneau, mais à l'opposé de sa destination. Passer par le quartier central était donc la solution la plus rapide pour arriver à bon port, même si c'était le chemin le plus dangereux qu'il eût pu prendre : tous les jours, des attentats avaient lieu dans cette partie de la ville, ciblant les chefs des plus grands réseaux criminels de Ryoko qui ne se cachaient pas, et qui parfois le payaient très cher. Mais Rakurai ne craignait rien. Son arrogance était intouchable, et il était persuadé que rien ne pourrait lui arriver, pas même par ici. Pourtant, ce n'était pas l'envie qui manquait aux gardes des différentes villas d'attaquer cet étranger à la démarche nonchalante et à la prétention inégalable. Le Nukenin en était conscient, mais il savait qu'il était un des seuls ninjas résidant dans la ville. D'ailleurs, cela aurait arrangé ses affaires s'il avait été attaqué. En tuant un homme au service d'un des éminents pourris de Ryoko, il aurait très rapidement gagné de la réputation. Cela dit, il valait mieux ne pas aller trop vite.

Une fois le quartier bourgeois dépassé, il ne fit plus que quelques pas et s'engouffra dans la première porte qu'il vit, à sa droite. Selon les informations que cet imbécile de dealer lui avait données alors qu'il prenait Rakurai pour son ami, l'origine de la drogue qu'il portait sur lui habitait juste trois étages plus haut. Il fallait donc que le Nukenin s'engouffre dans l'obscurité des escaliers en bois gris, poussiéreux, délabrés. Il avait remarqué rapidement, à l'extérieur, que l'immeuble ne possédait pas de fenêtres. La conclusion était donc qu'il n'y avait pas de lumière naturelle à l'intérieur, malgré les nombreuses fentes entres les planches qui constituaient le mur de l'enceinte.

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