Les eaux troubles de Kiri [PV : Jonas Hyûga / Seishiro]

Le soleil pointait déjâ ses premiers rayons à l'horizon et le fond de l'air était légèrement frais. Mais, tout de même, assez pour obliger Seishiro à sortir de son baluchon le modeste pull parcouru de trous et maculé de boue comme si le vêtement tenait à révéler la médiocrité de l'humain qui avait la malchance de le porter. De la fumée blanche s'échappait de la fine bouche de l'enfant pour finir pas s'épanouir dans l'air. Le jeune Gennin observait avec intérêt le petit nuage de fumée qui s'évadait avec douceur de sa bouche. C'était la première fois que Seishiro examinait une telle alchimie, aussi étrange soit-elle. Lui qui n'avait connu que des grands jours de chaleur et de soleil de plomb, jamais il n'avait été confronté à une atmosphère aussi froide. Quelques corbeaux braillaient au loin, comme pour annoncer l'arrivée du petit char. Ils reçurent, en guise de réponse, une petite bourrasque qui fit voler la couverture que gardait la personne qui conduisait les chevaux. Tout en tendant le bras pour rattraper le bout de tissu, il pesta, comme si cela avait été de la faute d'un quelconque personnage se trouvant au coeur des montagnes. C'est ainsi que se fit, pour la première fois, l'arrivée du jeune Gennin au pays du brouillard...

Après quelques heures, le char arrivait au village. L'enfant avait la nette impression que plus ils se rapprochaient du village, plus le chemin devenait indistinct, comme si une énorme purée de pois était apparue... Mais pourtant, il n'y en avait pas. Malgré la lente et douce disparition du chemin tout tracé, l'homme s'occupant d'amener l'enfant au village de Kiri, continuait de diriger les chevaux, avec toujours autant de confiance qu'à leur départ, comme s'il continuait de suivre la même et banal route qui restait cependant invisible aux yeux de l'enfant. Seishiro ne mis pas longtemps à comprendre que cela devait être une sorte d'illusion qui servait à dissimuler le village aux forces ennemis. Il ne tarda pas à comprendre que c'était un peu comme les protections de Konoha... Insignifiantes pour une personne puissante, atroce pour un groupe d'assaillants faibles... Tel était la protection de nombreux villages.
Les portes de Kiri étaient énormes, tout en restant discrètes avec leur couleur azure. Ainsi, on les confondait avec le royaume céleste de la même couleur. Elles avaient un aspect étrangement terrifiant, mais aussi attirant, comme si elle nous poussait à nous jeter dans la gueule noir et béante du loup. L'enfant frémit.
Quelques instants plus tard, après avoir franchit l'effarante porte, le jeune Gennin s’aprétait à descendre quand l'homme de la charrette le retint d'un bras osseux et sec. Seishiro frissonna. Que lui voulait-il?... Le gamin tressaillit en entendant sa voix.

"Ne t'en vas point, mon petit! Nous ne sommes pas encore arrivé..."

Cette voix était froide, dénuée de toute chaleur humaine, comme si elle appartenait à un mort. Seishiro hésita, puis remonta, aidé du bras frêle de l'homme encapuchonné. L'enfant tremblait de peur. Il se trouvait dans un village inconnu avec, pour escorte, un homme étrangement inquiétant. Dans les rues, il n'y avait pas âme qui vive, contrairement à Konoha où les avenues étaient perpétuellement bondées de monde. Le Gennin n'essaya pas de comprendre la totale absence d'individus dans le village, une chose qu'il comprendra bien plus tard...
L'enfant observait avec un regard songeur les maisons et les rues défiler devant lui. Le ciel s'était, à présent, couvert, rendant au paysage une teinte blafarde.
Enfin, les chevaux s'arrêtèrent dans un grand fracas devant un portail de fer aux bouts pointu, comme des lances. D'un doigts pâle, l'homme lui indiqua l'achèvement de leur périple et la direction à prendre. Avec une habilitée déconcertante, le jeune garçon sauta à terre, puis, remercia poliment son chauffeur qui parti sans rien ajouter de plus. Seishiro regardait la charrette s'éloigner dans l'allée, pour enfin tourner à l'angle et se dérober du regard vide de l'enfant. C'est alors qu'il jeta un premier regard en direction du portail. Au-delà des barres de métal, il discerna des arbres et des petits chemins. On percevait un bruit d'eau, se qui indiquait qu'il y avait une rivière, ou, dans tous les cas, de l'eau. Le jeune Gennin ne mis pas plus de quelques secondes pour comprendre que cela devait être le parc de Kiri. Il constata que le parc avait moins d'arbre et donnait l'air moins sombre que la forêt de konoha. Cette pensée lui arracha un sourire ravi. Il s'approcha du portail d'un pas assuré. Arrivé à hauteur de celui-ci, il eut un moment d'hésitation. Le garçon jeta un dernier coups d'oeil par dessus son épaule, comme pour affirmer que la rue était bien déserte, avant de s'enfoncer dans la lumineuse forêt...
Après avoir évoluer au sein de la forêt du vaste parc, il déboucha sur une énorme cascade qui donnait l'impression d'élégance et de beauté. Seishiro la traduisit comme le "coeur" du parc, celle qui faisait vivre toute la forêt. On sentait facilement l'aura de cet endroit. Après avoir la cascade sous tous ses angles, il finit par s'en lasser et porta son regard tout autour du "coeur". Ses yeux s'arrêtèrent, instinctivement, sur un petit autel. Dans un premier temps, il prit l'initiative de s'y rendre, mais s'arrêta net en découvrant la grande silhouette de l'homme assis, adossé à l'unes des colonnes. Le dos voûté, son menton était reposé sur ses genoux repliés. Cependant, une chose troublait le jeune Gennin ; l'homme l'observait. Son regard était aussi froid que l'eau de la cascade et il donnait la même impression que celle-ci ; élégant, mais puissant.
L'homme s'adressa à lui d'une voix forte, une voix qui inspirait le respect et l'honneur.

"Quel est ton nom?"

Le gamin s'aperçut que l'homme ne s'était même pas donné la peine de se présenter. Il compris qu'il n'avait certainement pas tout son temps. Sans plus de cérémonies, Seishiro rappliqua d'un ton ferme où l'on pouvait facilement discerner du cran, sans pour autant paraître impoli.

"Je me nomme Seishiro..."