La nuit était belle. Aucun nuage ne pointait dans le ciel. Les étoiles disséminées un peu partout brillaient de mille feux, éclairant au passage les ténèbres qui tentaient de les engloutir à chaque instant.
Sana était allongé, dos au sol, sur une roche égarée au beau milieu des plaines de Yuki No Kuni. La lune se reflétait sur son visage, le bordeaux de ses yeux se perdait dans l'immensité s'étendant au dessus de lui. Cette immensité que l'on pense pouvoir effleurer d'un simple geste, et qui pourtant ne se laisse pas toucher de la sorte.
Rien ne pouvait déranger ce si pittoresque paysage, et le genin en profitait pour se recentrer sur lui même. Tous les événements qui s'étaient produits depuis son arrivée à Konoha l'embrouillaient, et seule cette escapade nocturne réussissait à le détourner des ses réflexions.
La cigarette, qui lentement se consumait dans ses doigts, était en quelque sorte à l'image de sa vie jusque là: éphémère et dénuée de sens. Il ne savait pas qui il était, l'avait-il d'ailleurs déjà su? Encore une question qui ne trouverait pas de réponse, du moins pas tout de suite. Il lâcha alors un long soupir, qui résonna par delà l'horizon.
La brise qui heurtait son visage était, cette fois, à l'image de son âme: froide. Il n'avait aucune relation en dehors de son job, et c'est à peine s'il en avait en dedans. Il n'avait pas de famille pour le soutenir dans ses choix, il n'avait pas d'amis avec lesquels il aurait pu se confier, partager ses sentiments. Il était seul, l'avait toujours été, et le serait sûrement encore longtemps malgré une envie d'innovation et de changements. Il n'était pas fait pour fonder une famille, rester dans son foyer à élever des enfants. L'adrénaline que lui procuraient ses missions lui permettait d'oublier ces faits et de se réfugier dans sa bulle, l'éloignant un peu plus de sa triste réalité. Son seul point d'attache était sa maison, dans le village qui avait bien voulut de lui.
Lui qui était venu ici, ce soir, pour se changer les idées, finalement tout lui rappeler ce qu'il essayait d'oublier: lui. Quoi de plus ironique que de se retrouver partout dans ce cas.
Une larme perla alors sur la joue du ninja. La brise trop fraîche lui faisait probablement froid aux yeux, à moins qu'il laissa filtrer un de ses sentiments. Quoiqu'il en soit, il était bien maintenant, et c'est tout ce qui lui importait. La tranquillité, avec pour seul compagnon le bruit du vent courant dans les hautes herbes lui faisait tellement de bien. Il se mit à souhaiter que la nuit dure éternellement, avec que son plaisir fasse de même.
Il ferma les yeux afin de ne faire plus qu'un avec la nature, et ne résista pas lorsque de nouvelles sensations éveillèrent ses sens.