Le retour du patriarche ! Acte premier (privé avec Ayame)

Deux jours s'étaient écoulés depuis que le patriarche du clan Rokusho avait commis son premier meutre de sang froid depuis bien longtemps, deux longues journées qui l'avait vu remettre à son mentor un de ses soixante-quatre saphirs désormais habité par l'esprit de ce que l'on aurait pu jadis appeler un être vivant, mais pas n'importe quel être vivant: un criminel ayant mené une existence peu vertueuse pour ne pas dire totalement tournée vers le vice et le crime. Ainsi, on pouvait se demander si Aoi n'avait pas plutôt bien agi en libérant l'âme damnée de sa bien triste et pathétique enveloppe charnelle ?

L'ancien Kazekage essayait de s'en convaincre afin d'éprouver moins de remords en accomplissant cette sinistre besogne malgré lui. Il essayait de s'en persuader en pensant qu'il faisait celà non pas pour lui mais pour le bien être et la sécurité de son clan, de ses proches mais surtout de celle qu'il aimait et que Mei-Oh avait ouvertement menacé de mort maintes fois sous les yeux de la Légende de Suna. Les pensées l'envahissaient tandis qu'il s'approchait à présent de la frontière entre Cha no Kuni, pays forestier où s'était temporairement établi son maitre, et Kiri no Kuni, terre soumise à l'administration sans faille de son vieil ami Kenda Hyuga, Mizukage du Village Caché de la Brume.

*Saku ne voudrait pas que je tue en son nom, je dois seulement me dire que je fais çà non pas pour elle mais pour son avenir...ou plutôt notre avenir à elle comme à moi et celui de nos descendants, humpf. Je ne dois pas éprouver de remords en ôtant la vie de ceux qui le mériteraient presque, c'est totalement ridicule et çà m'empêche de progresser dans ma quête ! Je n'éprouverai pas la moindre pitié envers ceux qui se mettront au travers de la route qui me sépare de l'aquittement de ma dette maudite, aucune !*

Aoi s'arrêta net, en appui sur une branche d'arbre tandis qu'il fut tiré de ses pensées par une récente perception de cinq chakras d'un niveau plus que satisfaisant aux abords de ce qui semblait être la lisière de la forêt de Cha no Kuni. Le tout nouvel héritier du clan Nagi ferma légèrement les yeux et les réouvrit en révélant l'éclat couleur jade de l'Okaigan pour s'assurer réellement de ce qu'il avait précedemment ressenti.

Ses extraordinaires pupilles lui permirent de déceller les positions précises des cinq individus qui semblaient patrouiller autour d'un périmètre peu étendu et de manière régulière, comme le feraient les sentinelles d'un poste frontière. La Légende de Suna s'avanca prudemment pour ne pas mettre en alerte les shinobis, et ce jusqu'à trouver un endroit suffisament peu exposé pour avoir un contact visuel avec ces derniers. Il s'accroupit derrière un fourré assez épais et observa attentivement les allers et retours des shinobis qui semblaient s'entrainer au combat ou au déplacement en formation bravo, c'est à dire en quinquonce avec deux mètres de distance entre chaque unité dans le jargon militaire de Suna.

Cependant, Aoi n'avait pas à faire à des ninjas du Pays du Vent car il en était bien loin, mais à des shinobis de Kiri qui manoeuvraient donc devant un petit campement qui leur permettait de surveiller les mouvements ennemis à travers le Pays du Riz. La rigueur et la discipline des forces armées de Kiri avaient toujours impressionné Aoi , qui rappelons le a été lui même entrainé de manière plus poussée à l'art du combat au sein du Pays du Brouillard, et une fois encore il était assez épaté par la disposition parfaite de chacun des membres du peloton de ninjas de Kiri.

Il vit alors qu'un des ninjas, vétu d'un masque et accompagné d'un loup en guise de compagnon d'armes, leva la main et la formation se mit à romper le rang avant de s'en retourner au camp, laissant le shinobi seul au milieu du sentier. Une étrange sensation de familiarité s'emparait de l'ancien Kazekage tandis que le shinobi s'accroupissait et se mit à caresser l'encolure d'un beau et sompteux canidé qui se laissait tranquillement faire.

*Ce chakra... je le connais, humpf. Je l'ai senti et ressenti à maintes reprises... Mais il me semble changé, plus puissant et plus intense encore que celui de...*

Le loup donna soudainement un léger coup de museau à son maitre, arrachant le bas du masque de ce dernier et révélant les traits d'une jeune femme quelque peu surprise par l'attitude de son compagnon mais qui sourait et riait tandis que le loup lui donna un vigoureux coup de langue au visage. La kunoichi, puisqu'il s'agissait d'une fille, riait de plus belle et se mit à caresser avec frénésie son compagnon à quatre pattes, ce qui le fit se mettre sur le dos comme un chien gaté par son jeune maitre.

De son coté, Aoi avait reconnu à qui il avait à faire: il reconnaissait ces traits graciles et charmeurs qui avaient toujours caractérisé celle dont l'existence était connue de Kiri à Suna, l'héritière du clan des Kurokage...

"Tenchu... Ayame, humpf."

Spoiler:

... Et Ayame fit signe à la formation de se disperser dans les environs, afin d'en inspecter minutieusement la topographie, par précaution. Une parcelle de terrain mal étudiée pourrait se révéler gênante en cas d'embuscade, et puis, on n'est jamais trop prudent... Même si sa fonction et celle de son équipe en ces lieux était pacifique, rien ne leur permettait d'assurer qu'ils ne seraient pas attaqué. Du discernement est effectivement qualité requise chez les Shinobis. C'est en tout cas ce que se disait la Sabreuse du village de la Brume, dont le visage était en partie dissimulé sous un masque. Ce dernier absolu était son seul gage d'anonymat en ces terres étrangères. Elle commençait à se faire un peu connaître des Shinobis des autres Villages cachés, et elle ne trouvait rien de plus frustrant que de se faire identifier par quelqu'un dont elle ne soupçonnait l'existence auparavant. Et comme cela arrivait fréquemment à présent, on voyait la partie inférieure de son visage se couvrir de plus en plus souvent d'une fine couche de tissu noir. Pas forcément gênant, car il suivait sans plis les traits fins du visage de la jeune femme, mais suffisamment irritant aux yeux jaunes de Griffin, compagnon loup de la Sabreuse. C'est alors que, par une espièglerie lui étant peu commune, il profita d'une seconde où sa compagne ne le regardait pas, pour faire glisser la masque sous son menton d'un ample coup de museau. Ayame tressaillit avant de rire joyeusement, surprise par ce comportement de jeune louveteau dont il avait fait preuve. Ainsi, grisé par le rire cristallin de la femme, le loup à la fourrure noire de geai lécha affectueusement son visage, et se coucha sur le dos en frémissant de plaisir sous la frénésie des caresses de sa bien-aimée maîtresse. Après avoir tourné en rond pendant des heures durant, la douceur de ce contact dénouait tous ses muscles en quelques frissons de bonheur.

Ayame s'apprêtait à s'accroupir aux côtés du loup pour lui grattouiller le ventre, et soudain elle s'arrêta net. Entre la position debout et accroupie, elle tourna la tête vers la droite, le regard alerte. Quelque chose venait de l'interpeler dans cette direction, mais elle ne saurait dire quoi. Un flux... Oui... Un flux d'énergie. Soit il était extrêmement faible, soit il était extrêmement bien dissimulé. La deuxième possibilité l'embêtait un peu plus, car elle savait pertinemment que seul un Shinobi doué était capable d'une telle maîtrise de son Chakra. Pour poser un point après tout cela, elle décida de ne pas se risquer à s'approcher, préférant la méthode... Visuelle.
Les gestes furent simples, épurés et rapides. D'un mouvement, elle joignit ses deux mains au niveau de son torse. D'un instant, elle rabattu ses paupières par-dessus ses yeux noisettes et les releva, dévoilant un regard couleur de Jade, aux reflets brillants et mystérieux. L'Okaigan du glorieux clan Rokusho venait colorer le visage pâle de la jeune femme d'une touche limpide de pureté.

-(Voyons quel secret ce cache derrière ces buissons.) Pensa-t-elle en se redressant, les mains maintenant déposées sur un Kunai fixé à sa cuisse.

Un éclair de Jade croisa le sien. Quelques instants lui suffirent pour comprendre. Là-bas, au delà des fourrés, un éminent membre du clan Rokusho la regardait avec les mêmes yeux qu'elle. L'Okaigan du puissant Aoi Rokusho lisait en elle comme dans un livre, notant chaque flux de Chakra en elle, comprenant chacun de ses gestes, décelant ses émotions... Elle avait horreur de ça, comme lorsque les gens prétendaient la reconnaître. Elle garda la main non loin du Kunai, mais la tension baissa tout de même. Ayame soupira effectivement de soulagement, et replaça une mèches de cheveux derrière ses oreilles. Une petite brise eut vent de la remettre de travers... Avant de faire onduler la fourrure du loup. Il venait de se remettre sur ses quatre pattes, et tendait le bout de sa truffe dans la direction d'Aoi, cherchant à le localiser de sa cachette.

-Aoi-Sama a vraiment l'art et la manière de se cacher. Je n'arrive même pas à le sentir...
-Je pense que je ne l'aurai jamais trouvé sans l'Okaigan... Un flux très léger se dégage de ses yeux. Dit-elle en désactivant le Dojutsu, attendant la prochaine réaction du Patriarche Rokusho.

Aoi sentit alors que le chakra du compagnon d'Ayame était en alerte, comme s'il tentait de repérer le dernier des Rokusho à l'aide de son odorat sur developpé. La Légende de Suna avait pris soin de dissimuler son chakra pour ne pas être immédiatement repéré par les ninjas du peloton, mais il semblait que l'héritière des Kurokage l'avait elle bien repéré, une impression qui se confirma rapidement lorsque l'éclat couleur jade des pupilles d'Ayame rencontra brièvement l'éclat couleur jade du Saigo Okaigan du patriarche Rokusho.

*L'intensité qui émane de son Okaigan est impressionante... je n'ai pas le souvenir d'avoir ressenti autant de puissance dans le dojutsu de notre clan depuis l'éveil du Saigo Okaigan de Vegeta, humpf. L'aurais-je si longtemps délaissé pour ne pas m'être aperçu plus tôt de la puissance à laquelle se sont developpées les facultés des Rokusho en elle ?*

Il vit alors que sa protégée au sein du clan avait dégainé au préalable un kunai, mais elle le rangea subitement après avoir compris à qui elle avait à faire. La Légende de Suna soupira lentement, puis apparut derrière sa protégée qui ne broncha pas malgré le fait que son compagnon, lui, était semble-t-il sur ses gardes.

La Légende de Suna se contenta d'émettre un léger rire tandis qu'il se tenait presque dos à dos avec la Yiren du clan. Griffin semblait encore plus sur ses gardes à présent, mais Aoi fit volte face et tendit sa main vers le loup, sans la moindre crainte et en arborant un léger sourire. Ayame se retourna et vit qu'Aoi était accroupi et donnait une caresse à Griffin tandis qu'il se mit à parler:

"Je me doutais bien que tu m'avais reconnu, Griffin: mon odeur restera toujours la même pour toi, n'est ce pas ?"

Le loup emit un léger grognement comme pour acquieser, puis Aoi cessa de le caresser et se releva, fixant Ayame droit dans les yeux tandis que Griffin s'en retournait près de sa maitresse.

"Celà faisait longtemps, Ayame."

"En effet, Aoi-niisan. Je me réjouie de te voir à nouveau, bien que je n'aurais jamais imaginé que ce soit dans de telles circonstances. Mais dis-moi...que fais-tu ici, à Cha no Kuni ? Etais-tu en mission pour le compte de Suna ?"

La question semblait avoir fait réagir Aoi qui ne savait pas trop quoi répondre à la Yiren du clan Rokusho, mais qui ne le montrait pas car il savait parfaitement controler ses émotions, d'autant plus qu'il en éprouvait de moins en moins après sa première expérience avec le rituel du Reikon Magabarai. Cependant, il lui semblait qu'Ayame n'avait pas entendu parler de sa disparition il y a plus de trois mois, peut être grace au fait que Saku n'avait peut être pas ébruité cette nouvelle ou qu'Ayame n'en avait pas été tenu informée.

Cela fit sourire Aoi qui savait que sa "cousine" pensait encore avoir à faire à son patriarche, même si ce dernier était bien conscient que Saku avait du reprendre les rênes du clan comme il lui avait dit en tant que dernières volontés s'il ne revenait pas... Il cessa de sourire brièvement et se contenta de répondre:

"Je ne suis que de passage ici, humpf. A vrai dire je ne m'attendais moi-même pas à te trouver en faction dans cette région plutôt tranquille. Kenda-sama n'a-t-il donc rien de mieux à te confier comme mission, au vue de ton extraordinaire potentiel ?"

La question d'Aoi semblait plutôt désobligeante aux yeux d'Ayame car elle ressemblait à une critique ouverte concernant le choix du Mizukage de Kiri quant à son affectation, le genre de remarque que la Légende de Suna n'aurait jamais osé formuler quelque temps auparavant.

"Aoi-niisan..."

"Humpf, je vois... n'en dis pas plus. Tu sais Ayame, les gens changent plus rapidement que tu sembles le croire: les gouvernements qui régissent nos factions respectives changent, la nature de nos ennemis change, nos amis changent et nous-mêmes changeons... Moi même, j'ai beaucoup changé depuis notre dernière rencontre, mais ce n'est pas celà qui doit le plus te surprendre: l'important à l'heure actuelle, c'est que je t'ai retrouvé et que même si celà ressemble au fruit du pur hasard, sache que nous étions probablement prédestiné à nous revoir au moment où tu sembles avoir atteint une maturité conséquente dans ta maitrise des dons de notre clan."

Aoi semblait parler tel un prophète totalement converti à la cause de la recherche du potentiel, à la recherche du pouvoir que jadis il promettait d'offrir à chaque membre de sa fratrie. Ayame ne semblait pas bien voir où la Légende de Suna voulait en venir, ce qui fit sourire de façon assez sinistre le patriarche du clan Rokusho, qui reprit la parole:

"C'est ta puissance qui m'a sans doute attiré jusqu'ici, Ayame. Ce doux et beau pouvoir qui habite ton corps et qui se reflète dans la lueur couleur émeraude de tes yeux... de nos yeux... la lueur qui se reflète dans les yeux de notre clan bien-aimé."

Aoi s'interrompit soudainement, comme s'il se rendait compte à l'instant qu'il se mettait à divaguer comme aurait pu le faire son mentor démoniaque à sa place. Il eut un profond dégôut envers lui-même et envers son maitre, ce qui eut pour simple effet de lui faire lâcher d'un ton plus neutre et avec un léger sourire paternel qui se dessinait sur son visage:

"Tu as bien grandi, jeune Yiren du clan Rokusho... humpf"

-Je ne sais pas vraiment comment prendre tous ces compliments, mais une chose est sûre, c'est qu'ils sont très touchant venant de ta part Aoi-Niisan. Cependant, une chose me vient à l'esprit... Cela fait un bon moment que je n'ai pas entendu parler de toi, j'ai même l'impression que certains Shinobi sont écartés de tout ce qu'ils devraient savoir... Même avec ma promotion en tant que Kanshu, je fais de moins en moins de choses pour le village. A moins que je ne commence à rouiller! AHahaHAHhah... Ah AH... Ahah. Mouais.

Un goût amer s'enlisait dans la gorge de la Kunoichi, sans que rien ne vienne l'adoucir. Elle ne saurait l'expliquer, mais elle se rendait peu à peu compte qu'elle s'éloignait de la vie du village de Kiri. Ses missions étaient de plus en plus longues et de plus en plus éloignées de sa patrie, et surtout, de plus en plus "inutiles"... Enfin bref, elle n'avait pas vraiment son mot à dire et préférait suivre à la lettre les ordres de son éminents frère Mizukage plutôt que de les controverser. Ayame hasarda son regard autour d'elle, s'arrêtant quelques instants sur la bouille joyeuse de Griffin, avant de revenir à son cousin Rokusho. La mine un peu rabougrie, elle tenta tout de même d'esquisser un semblant de sourire. La présence d'Aoi lui faisait réellement plaisir, cela faisait bien longtemps qu'elle ne l'avait pas vu après tout.
C'est alors que, le visage faux, elle s'approcha de l'homme en croisant les bras devant son ventre.

-Racontes moi donc. A moins que cela ne soit pas ton désir. Si notre rencontre était inexorable, il y a bien quelque chose que tu aies à me dire, n'est-il pas? A vrai dire, ta présence en ces lieux m'intrigue au plus haut point... Tu as beau m'avoir dit que tu te trouvais ici par hasard, je n'arrive pas à sortir de ma tête que tu as... Bref.

Elle s'arrêta au milieu de sa phrase, l'estimant inutile. La Kunoichi préféra tourner sur ses talons et cacher son visage. Le réflexe fut bref, mais elle tressaillit. Et cela n'avait pas du échapper aux yeux de son cousin Aoi, car elle put deviner quelques mouvements de sa part dans son dos. Un silence , quoique léger, alourdit l'atmosphère. La brise légère qui soufflait jusque là se dissipa en un simple souffle tiède qui ondulait dans la fourrure sombre du loup. Ce dernier, remuant la queue comme un chien, était resté aux côtés d'Aoi en manifestant sa joie de le revoir.

Griffin se frotta doucement contre la jambe d'Aoi, ce qui eut le don de faire légèrement sourire la Légende de Suna, mais Aoi reprit un air plus neutre et légèrement plus grave lorsque la jeune Yiren du clan Rokusho l'interrogea sur les raisons réelles de leur rencontre qu'elle ne semblait pas attribuer au fruit du simple hasard.

"Bien... je vois que tu es toujours aussi perspicace et rationelle, Ayame. Certes, je te concède que je n'ai pas choisi de passer dans le coin totalement au hasard : j'ai des obligations envers ceux qui jadis m'ont fait totalement confiance et que j'ai laissé en suspens trop longtemps. Les aléas de la vie d'un shinobi n'ont pas été de mon coté que veux-tu, humpf..."

Aoi montrait un visage totalement différent à celle qu'autrefois il appellait sans cesse "cousine" tandis qu'il lui justifiait les raisons de sa venue à Kiri. En effet, l'ancien Kazekage semblait bien plus énigmatique, plus froid et beaucoup plus détaché par rapport à la vie du shinobi qu'il y a six mois, jour de sa rencontre avec Mei-Oh. Ayame l'avait bien entendu remarqué mais feignait de ne pas en tenir compte davantage en souriant à son patriarche tandis que Griffin se rapprochait à nouveau d'elle.

La jeune kunoichi du clan Rokusho, aguerrie par les batailles et les folles expériences de sa vie de ninja hors du commun, semblait aussi détachée qu'Aoi par moment, preuve que les effets de la guerre et des combats changeaient le coeur des hommes. La Légende de Suna s'avanca alors légèrement vers sa protégée et reprit la parole:

"Tu ne sembles pas totalement savoir ce qui s'est passé ces derniers mois au sein du clan, n'est-ce pas ? Je n'ai pas le souvenir de t'avoir vu durant notre réunion secrète au mont Hokou il y a six mois, mais je ne t'en tiens pas rigueur: tous les cadres majeurs du clan n'étaient eux mêmes pas présent, car sans doute appelés à servir leurs patries respectives je suppose tout comme toi actuellement, humpf. Bref, tout celà pour te dire qu'il y a eut pas mal de changements au sein de notre clan, et crois-moi il est tant pour nous qu'il soit quelque peu remanié..."

"Remanié ? Que veux-tu dire ?"

Ayame semblait belle et bien concernée par le clan en cet instant, pour la plus grande joie du patriarche du clan Rokusho qui n'était plus à la tête du clan depuis ce jour sinistre où il avait embrassé la voie de la servitude et s'était dévoué corps et âme à honorer sa dette maudite. La Légende de Suna se mit à ricaner légèrement, amusé par la réaction de surprise de sa protégée, avant de reprendre:

"Ne t'en fais pas, le remaniement n'est en rien une fatalité pour notre fratrie, humpf. A vrai dire, tu dois savoir que je n'ai sans doute plus aucune autorité officiellement au sein de notre clan depuis que j'ai été porté disparu à Suna pour des raisons que je ne t'évoquerai pas davantage: ma bien-aimée Sakuragami a pris les rênes de notre clan et je ne suis pas ici pour remettre celà en cause, mais seulement pour reconsolider un peu plus la hiérarchie de notre fratrie et l'aider dans sa nouvelle fonction..."

"Tu sembles assez résolu à ne pas reprendre ta place, nii-san... Je respecterai ton choix, malgré qu'il me surprenne quelque peu car le clan représentait absolument tout pour toi lorsque tu m'as fait l'honneur de m'accepter dans ta famille, mais je te prierai de m'en dire un peu plus concernant ce que tu envisages de faire pour "reconsolider la hiérarchie de notre fratrie" comme tu l'as si bien dit."

Aoi se mit à sourire une fois encore: la franchise et la spontanéité d'Ayame étaient vraiment tout à l'honneur de la kunoichi de Kiri et représentaient des qualités que l'ancien Kazekage appréciait énormement. Il tendit sa main et la mit sur l'épaule d'Ayame, qui esquissa un léger sursaut de surprise tant le geste avait été rapide, puis reprit d'un ton solennel:

"Je dois rejoindre Kenda dans votre village, mais avant celà je dois faire quelque chose qui me tient à coeur depuis quelques temps et qui fera de toi une pièce maitresse au sein du clan et qui confortera la place que tu occupes parmi les Rokusho: je vais t'éveiller au plus haut niveau de notre dojutsu et faire de toi la troisième détentrice de l'ultime pupille des Rokusho. Je vais éveiller ton Saigo Okaigan, pour le bien de notre clan, humpf"

(Désolé du retard, je n'ai toujours pas Internet chez moi :( )

Ayame resta immobile quelques instants, le regard fixe. Le temps qu’elle se rende complètement compte de ce que venait de lui dévoiler son cousin, la petite brise tiède s’était remise à souffler, faisant danser les feuilles des hauts arbres aux alentours. La Kunoichi ne quittait plus l’homme des yeux, à tel point qu’elle ne vit pas Griffin chasser une guêpe qui lui tournait autour depuis peu. Lorsque soudainement, les mots ‘Saigo Okaigan’ firent écho dans sa tête. Elle haussa les sourcils et ses yeux devinrent ronds comme des billes. Pinçant les lèvres pour contenir un cri de surprise, elle hasarda inutilement son regard sur les lieux, pour faire comme si elle-n’était-pas-étonnée. Mais son visage devint si pétillant qu’il ne devait pas être bien difficile de deviner l’état d’excitation d’Ayame : elle en trépignait de joie. Le Saigo représentait pour elle la quintessence des pouvoirs du clan, et la récompense suprême pour ses membres. Bien sûr, cela impliquait de nouvelles responsabilités. Certes, cela nécessitait du mérite. Mais… Le jeu en vaudrait certainement la chandelle. Et c’est dans cette optique que la jeune femme acquiesçait en hochant la tête.

- Je ferai tout ce qui sera bénéfique au clan, Aoi-Niisan. J’ai juré le servir, et voilà pour moi l’occasion de lui prouver ma bonne foi. Quelque soit ton passé et tout ce qui s’en suit, il en va de mon honneur de Kunoichi.

Elle avait parlé sans faillir. Sa voix, bien que douce, laissait transparaître un dévouement total à l’homme, qui ne serait pas loin de dépasser celui qu’elle portait à son propre Mizukage. Car, il fallait bien l’avouer, il était impossible que quiconque ne prenne une plus grande place dans son honneur que celle que prenait le chef du village de Kiri. Sur ces mots, elle laissait ses bras le long de son corps et serrait les poings. Tandis que, un peu plus loin, Griffin se battait toujours dans un combat de titan contre mademoiselle la Guêpe. Ayame n'y fit pas attention trop longtemps, mais son regard fut inexorablement détaché d'Aoi pour s'attarder un instant sur la scène... Plutôt amusant, se dit-elle en voyant Griffin retourner ciel et terre dans l'espoir d'éloigner le petit insecte. En tout Être doué de bon sens et de générosité, il se refusait à la tuer, et cela se voyait bien : un petit coup de queue envoyé par-ci par-là n'allait pas être bien dangereux pour la bestiole. Enfin bref, finit par soupirer la jeune femme, l'excitation la reprenant au vif. Une teinte légèrement rosée au niveau de ses joues indiquait qu'elle ne tenait plus du tout en place. Mais c'est là que les questions se soulevèrent. Si Aoi tenait tant à éveiller le Saigo Okaigan d'Ayame, qu'attendait-il d'elle en échange? Un tel acte ne sera probablement pas gratuit, et la Kunoichi l'entendait bien. Cependant, elle ne put s'empêcher d'être titillée par cette zone d'ombre. Tout restait à découvrir...

Le petit bout de Kunoichi qu'elle était cessa de s'en faire, et se redressa devant Aoi, la peau tremblant encore d'excitation. Curieuse, la tête penchant d'une façon enfantine sur le côté, une membre du clan Rokusho se tenait prête à n'importe quelle action de l'homme au regard sage la surplombant. Ses pieds semblaient jouer avec la terre, comme pour compenser sa bougeotte incontrôlable, et un regard pétillant de fougue et d'entrain inspectait chaque trait du visage de l'homme. Qu'allait-il ajouter à présent? Il semblait attendre quelque chose... A moins qu'il n'aime les silences tels que celui-ci.

Aoi se réjouissait intérieurement du fait que sa "cousine" semblait être plus que prête à recevoir le don ultime que le clan Rokusho pouvait offrir à ceux qui le composaient. Cependant, le patriarche du clan était bien ennuyé, d'autant plus que sa protégée semblait réellement impatiente et surexcitée comme une aspirante ninja s'apprêtant à recevoir son bandeau frontal pour la première fois: en effet, la Légende de Suna ne savait pas trop comment lui annoncer qu'il n'y avait aucun moyen sûr, ni même réellement connu, d'obtenir cette pupille sans risques.

Aoi n'était pas réellement inquiet pour sa cousine, il était surtout inquiet de lui causer une grande déception en cas d'échec mais surtout de ne pas pouvoir permettre au clan de devenir plus puissant que jamais en n'arrivant pas à éveiller le troisième Saigo Okaigan de son histoire. Il tenait réellement à faire d'Ayame une détentrice de l'ultime dojutsu de sa famille, afin qu'elle perpétue ainsi la tradition en prenant la suite de Vegeta et de lui-même, les deux seuls détenteurs du Saigo Okaigan que même Ryosuke Rokusho lui-même n'a jamais pu éveiller alors qu'il était le fondateur de feu le clan de Kusa no Kuni.

L'ancien Kazekage prit donc une profonde inspiration avant de s'avancer un peu plus près d'Ayame et de lui murmurer:

" Il en sera donc ainsi: je vais tenter de t'aider à éveiller le Saigo Okaigan, humpf. Visiblement, mes propos semble te surprendre et celà ne m'étonne pas... En effet, je dois t'avouer que je ne suis pas en mesure de t'indiquer comment obtenir cette pupille de manière quasi-certaine et sans courir le moindre risque: le fait est que cette pupille ne peut être éveillée que par son porteur et uniquement lui... Cà ne dépendra donc que de toi, même si je suis en mesure de t'aiguiller pour que tu éveilles la forme ultime de notre dojutsu."

"Je serai honorée de parvenir à éveiller le Saigo Okaigan et ainsi être à la hauteur des espoirs que tu as placé en moi, Aoi-niisan. Transmets moi toutes tes connaissances concernant notre dojutsu, je te laisse me guider pour l'obtenir au nom de la pérennité de la suprémacie des Rokusho !"

Aoi aurait voulu sourire davantage face à l'enthousiasme de sa protégée, mais il était réaliste et savait qu'aussi douée soit-elle, l'épreuve qui l'attendait en vue de devenir la troisième détentrice du Saigo Okaigan ne serait pas facile à surmonter. Quoiqu'il en soit, il la fixa droit dans les yeux avec son propre dojutsu et reprit d'une voix solennelle qui surprit quelque peu la kunoichi expérimentée de Kiri:

"Il faut que tu gardes ce même état d'esprit si tu veux y parvenir, Ayame. Je ne peux seulement te dire que le dojutsu s'éveillera lorsque tu essayeras de faire réellement appel à lui, c'est à dire dans une situation où ta vie sera en jeu et que tes capacités seront mises à l'épreuve. Il en a été ainsi pour Vegeta-sama..."

"Veux-tu dire que tu as éveillé le Saigo Okaigan d'une manière différente, Aoi-niisan ?"

" D'une certaine manière, oui. J'ai réussi à l'éveiller alors que ma fierté et mon estime vis à vis de moi-même étaient au plus bas: je l'ai tout simplement éveillé par sursaut d'orgueil, par un accès de colère intense envers ma propre faiblesse. Je maudissais ma propre existence pour ne pas avoir su protégé les miens et pour avoir vu celui qui fut jadis mon plus fidèle compagnon sombrer dans les ténèbres... J'avais touché le fond, et la haine et la passion ont été les moteurs qui m'ont permis d'éveiller cette pupille que chaque Rokusho cherche à obtenir depuis plus de 200 ans. Et c'est à présent à toi de trouver ta voie en te fiant aux renseignements que je viens de te fournir, mais je tiens à te préciser que j'ai ma théorie afin de pouvoir t'aider davantage mais ce ne sera pas sans risques, humpf..."

Une lueur de malice brillait dans les yeux d'Aoi, malgré le fait que son idée était le reflet de la démence elle-même, si toutefois Ayame acceptait de s'y plier...