Jusqu'au lac... Découverte de l'artefact (libre)

Civil Nombre de messages : 803 Age : 31 Date d'inscription : 30/07/2007

"Enfin...
- Putain... Heureusement qu'on est tombés par chance sur un village dans la forêt, sinon on aurait pu galérer encore longtemps...
- C'est clair...
- Haaa... Qu'est-ce que ça fait du bien de te revoir, Mizu no Kuni !!
- On sera à Kiri d'ici deux ou trois jours...
- Pas envie d'attendre aussi longtemps !! J'y serai demain matin !!
- Il est fou... murmura Aurora.

L'ex-Zangtetsuken, même avec l'aide de Kazeshoshi, avait mis du temps à repérer un village qui aurait pu les informer sur leur position. Finalement, quand le Chunin avait entendu des rumeurs à travers la forêt touffue du pays du Feu, il s'était précipité vers ces bruits infimes. Son ouïe ne lui avait pas menti : elle l'avait mené à un village aménagé au milieu de la forêt, profitant au maximum de son environnement pour se camoufler et survivre aux attaques incessantes des ennemis. Quand il avait voulu s'informer sur ces ennemis, il apprit qu'il était à la frontière entre Hi no Kuni et Kawa no Kuni. La "Grande Mer", à deux kilomètres de là, séparait la terre ferme du pays de l'eau. Mizu no Kuni. À cette nouvelle, Kazeshoshi s'était précipité dans la direction indiquée par les habitants, sans laisser à Aurora le temps de contester. Trop impatient de retrouver son pays, il avait trois minutes d'avance sur la jeune femme. Il avait déjà payé le marin pour la traversée de la mer quand elle l'avait rattrapé au port. Traversée qui s'était passée sans encombres.

"Dis... Tu crois qu'il y a d'autres Arrankars quui nous attendent ?
- Ils ne nous attendront pas, mais on peut parier qu'il y en a. Kérézan a dû en envoyer un peu partout dans le monde...
- Tant mieux !! Au moins, il y en aura moins à défoncer plus tard !!

Cela faisait déjà plus d'un mois. Pourtant, la fierté, le bonheur et la confiance que lui avait procurées la réussite de cette mission ne l'avait toujours pas quitté. Et elle ne le quitterait certainement pas avant longtemps.

Ils venaient de mettre pied à terre, et Kazeshoshi admira le pays qu'il habitait. Pour une fois, il ne pleuvait pas. Le ciel semblait répondre à son allégresse débordante. Retrouver son pays, ses amis, Folow... Et puis, enfin découvrir cet Artefact après lequel il courait depuis il ne savait plus combien de temps, ce serait, plus qu'une fierté, un soulagement. Le tableau aurait été facile à dresser : un jeune homme aux cheveux blancs souriant, debout au milieu de quelques arbres dépourvus de feuilles. Dans son dos, une femme atteignant la vingtaine levant les yeux vers un magnifique ciel qui combinait parfaitement son bleu clair avec le blanc transparent des quelques nuages passant par là. Un soleil déclinant, orange, éclairant la terre de sa lumière céleste. Et puis, une mer peu agitée s'étendant, au loin, jusqu'à l'horizon. Magnifique.

"Allez, Aurora, on se grouille !! Je t'ai dit demain matin !!!"

À nouveau, la jeune femme leva les yeux au ciel tout en soupirant. Il était tout simplement fou : c'était la fin de l'après-midi. Pourquoi se presser ? Non, cette question était stupide. En fait, Kazeshoshi avait raison. Malgré la folie apparente de ses propos, il était tout à fait lucide. Ils devaient trouver ce gant au plus vite. Et puis, après cela... Le Chunin aurait certainement le droit à un repos bien mérité, après plus d'un mois de mission. Elle lui emboîta donc le pas, lui qui partait en courant, loin devant elle, sans l'attendre. L'impatience incontrôlée qui le caractérisait avait repris le dessus. Il partit en courant, larguant presque Aurora. Celle-ci ne forçait pourtant pas en accélérant, et remonta à la hauteur du jeune homme. Il semblait qu'ils ne s'arrêteraient pas avant longtemps... Leur arrivée à Kiri ? L'idée du contraire n'avait même pas effleuré l'esprit de Kazeshoshi. Pour lui, leur priorité était d'arriver à Kiri. Alors, pourquoi s'arrêter ? Aucune raison valable. Si, une seule, mais qu'il espérait ne pas avoir.

Malheureusement, il l'aurait.

Il faisait nuit, à présent. Aurora et Kazeshoshi ne s'étaient, comme il l'avait voulu, pas encore arrêtés. La lune illuminait le ciel noir d'encre et éclairait la terre que foulaient les pieds des deux shinobis. Il marchaient sur un chemin terreux, au milieu d'une forêt aux arbres quelque peu espacés qui se dressaient haut dans la nuit. Ils se déplaçaient dans l'obscurité et le silence. La nuit était propice aux attaques surprises, et Kazeshoshi n'avait pas de temps à consacrer à des combats inutiles. Pourtant, il y serait obligé. Qu'il le veuille ou non. Mais, heureusement, ça ne durerait pas longtemps.

Aurora pointa le doigt vers la droite, en direction de la forêt.

"Kazeshoshi... Regarde là-bas !!
- Oui, je sens de la chaleur... Étrange, hein ? Pourtant, il fait vraiment froid...
- Qui ça peut être ?
- Ca peut tout aussi bien être des Arrankars que des marchands inoffensifs ou un groupe de ninjas en mission... On fait quoi ?
- Bonne question... On ferait mieux d'aller voir, au cas où. Si c'est des Arrankars, ça en fera quelques uns en moins.

Kazeshoshi aquiesca, et tous les deux sortirent du sentier pour se diriger silencieusement vers la lueur orange qu'avait aperçu Aurora. Après avoir dépassé quelques arbres, le Chunin s'arrêta.

"Ils sont cinq, murmura-t-il à l'adresse d'Aurora. Trois autour du feu, un qui monte la garde dos à nous, et un qui monte la garde face à nous. Je vais éliminer celui-là discrètement, et on pourra s'approcher sans être repérés."
- Ca marche..."

Tsuta no Maï !

Aucun son. La technique était très discrète.

Quelques dizaines de mètres plus loin, le garde prit le fourreau de son Zampakuto, dans son dos, et le posa par terre, à côté de lui. Il s'ennuyait, son tour de garde ne servait strictement à rien. Heureusement, d'ici un petit quart d'heure, il pourrait aller se coucher en laissant la place aux autres. Mais qu'est-ce que les minutes passaient lentement... Il croisa les bras et regarda la forêt devant lui d'un air fatigué. Il n'entendit pas l'os aiguisé sortir du sol, mais il le sentit venir se planter sous son menton. Il n'eut pas le temps de penser à quoi que ce soit : la mort l'avait pris. Dommage, à quinze minutes près, il aurait peut-être survécu.

C'était la première fois que Kazeshoshi utilisait cette technique sur une si longue distance, et c'était bien plus fatiguant que la dernière fois. Mais il devrait aussi faire revenir ses os dans son corps. Ce n'était pas encore terminé. Aurora, elle, s'était précipitée dès le signal de Kazeshoshi, quand il avait senti ses tibias transpercer le menton du garde. À présent, elle était accroupie face au mort et l'empêchait de tomber. Quelques secondes avant de s'élancer, elle avait assuré à Kazeshoshi qu'il pouvait tuer. Elle était soulagée de ne pas s'être trompée. Maintenant, c'était sûr, ils pouvaient lancer leur attaque-surprise - qui avait commencé dès la mort du premier Arrankar. Elle fut rejointe par Kazeshoshi quelques secondes après être elle-même arrivée près du cadavre, et le Chunin avait déjà préparé sa technique.

Suiton, Dragon Aqueux !!

Le dragon faisait la taille du campement. Kazeshoshi se foutait de s'épuiser, il voulait terminer ça le plus vite possible. Sous une telle quantité d'eau, le feu de camp s'éteignit en quelques secondes et les Arrankars furent littéralement submergés. Kazeshoshi ne savait pas s'ils étaient tous morts, mais il n'eut pas à préparer une deuxième attaque : Aurora avait pris le relais et, suivant la queue du dragon d'eau, coupait impitoyablement les gorges de tous les corps qu'il recrachait. Quatre au total. L'attaque avait été rapide, précise et efficace.

"Pour être battus aussi facilement, ce devaient être des Gillian, les plus faibles des Arrankars...
- On s'en fout, ils sont morts !! Allez, viens vite, on reprend la route !!"

Sans se soucier de son manque d'énergie physique, guidé par la volonté de son esprit, Kazeshoshi se remit à courir pour rejoindre le sentier. Aurora le rattrapa, et ils continuèrent leur chemin dans l'obscurité de lanuit, toujours éclairés quelque peu par la lune...

Civil Nombre de messages : 803 Age : 31 Date d'inscription : 30/07/2007

Le jour commençait à se lever. Le soleil n'était pas visible à l'horizon, mais la lune avait, elle, disparu. Une lueur orange émanait d'un point encore en-dessous du sol, éclairant les rares arbres qui bordaient le chemin de terre jonché de feuilles. Kazeshoshi grelottait. Il sortait du froid glacial de la nuit, et les premières chaleurs du jour, par dessus le vent frais matinal, lui faisaient du bien. Il n'avait étrangement pas eu l'idée de se réchauffer avec du Katon et avait claqué des dents pendant toute la deuxième moitié de la nuit. Il n'avait pas dormi, et les profondes cernes sous ses yeux rougis en témoignaient. Aurora, quant à elle, semblait s'être reposée une journée entière. Son visage rayonnait de vigueur, ses mouvements étaient rapides et souples, elle transpirait presque. C'est comme si la nuit n'avait eu aucun effet sur elle... En fait, c'était elle qui, maintenant, menait la marche. Kazeshoshi avait du mal à courir, mais ne voulait pas le reconnaître et insistait pour maintenir le rythme. Il savait que, d'ici moins d'une demi-heure, il serait arrivé à Kiri. Du moins, s'il n'y avait pas d'autre obstacle...

Le vent gagnait en puissance. À présent, il poussait les deux shinobis qui avaient du mal à lui résister. Les derniers arbres qui marquaient la fin de la forêt pliaient faiblement sous sa force, leurs feuilles s'envolaient dans le ciel nuageux et leurs branches craquaient, abandonnant lâchement le tronc fin qui ne résisterait pas non plus longtemps à cette petite tempête. Kazeshoshi fut pris d'une envie soudaine. Son regard s'illumina et il se tourna vers Aurora.

"Dis... J'ai un moyen pour arriver plus vite à Kiri, mais... Je sais pas si ça sera très agréable, vu le vent qu'il y a...
- Oui, ben... Que... QUOI ? Qu'est-ce que tu me racontes, là ?
- J'te dis que j'ai un moyen pour arriver à Kiri en, quoi... Trante secondes ? Vu le vent qu'il y a, ça devrait pas être trop dur... Tu marches ?
- Ben... Si on peut gagner du temps..."

Bon, d'accord, il avait profté de l'inattention de la jeune femme pour éviter de lui exposer le mauvais côté de ce moyen, et arriver à Kiri plus vite. Mais, de toutes façons, en trente secondes, elle n'aurait pas vraiment le temps d'avoir mal, comme Folow à chaque fois qu'il empruntait "la voie des airs". Alors, il lui saisit la main et la serra fermement. Aurora se pinça les lèvres. Peut-être lui faisait-il mal, mais il fallait bien ça. Aucun sens de la délicatesse ? Halala, comme il aurait aimé ne pas entendre Kenmei, desfois... Enfin, au moins, le sentiment de culpabilité ne resterait pas présent plus d'une minute. Il respira un grand coup alors qu'Aurora, elle, retenait son souffle, et il disparut d'un coup.

Les dix kilomètres restants défilèrent devant les yeux des deux jeunes gens en trente secondes, comme l'avait parfaitement estimé Kazeshoshi. Mais, en gros, ils ne virent que des petits espaces verts entourés de quelques arbres dont la densité augmentait au fur et à mesure qu'on s'éloignait du chemin en terre menant à Kiri, jusqu'à former une petite forêt à deux cents mètres du sentier. Mais toute l'attention du Chunin était fixée sur un point qui se rapprochait à un vitesse vertigineuse : les portes de Kiri. Elle étaient exactement dans le même état que la dernière fois qu'il les avait vues, il y avait plus d'un mois de cela. Et elles lui faisaient penser à tout ce qui l'attendait dans ce village, et qu'il reverrait certainement l'après-midi même : Shoichi, Miyabi, Tsumetai, Folow... Sa maison... Et puis, bien évidemment, il serait obligé d'aller rendre visite à son Mizukage pour lui rapporter tout ce qu'il avait vu ou appris ce dernier mois.
Leur mouvement s'arrêta brusquement. Les gardes des portes devaient se demander comment deux shinobis avaient bien pu apparaître devant leurs yeux - ou plutôt sous leurs yeux, car ils étaient postés dans deux tours qui bordaient la haute porte. Kazeshoshi, lui, ne fit pas attention à eux. il regarda d'abord Aurora. La jeune femme était livide, serrait les lèvres. Finalement, ce court déplacement avait tout de même été éprouvant pour elle. Le Chunin, se rendant compte qu'il ne pouvait rien faire pour elle - pour l'instant -, appela les gardes et les pria d'ouvrir la porte en déclinant son identité avant qu'on le lui demande. Les deux Junin ne dirent pas un mot, et répondirent à l'attente du jeune homme. Deux minutes plus tard, il entrait dans Kirgakure no Sato...

"Aïe !! fit-il lorsqu'il sentit la main d'Aurora claquer sur le sommet de son crâne. Qu'est-ce qui te prend ?
- T'aurais dû me prévenir que ton transport rapide serait si douloureux !! Abruti !! J'ai envie de vomir, j'ai des spasmes...
- On s'en fout, c'est passé !! Halala, n'importe quoi... Indique-moi plutôt où tu as caché le Gant !
- Viens, suis-moi."

La jeune fille passa devant lui et, tout en essayant de ne pas laisser transparaître les émotions que lui avait laissé ce qu'elle venait de vivre, se mit en marche d'un pas rapide.

Dans Kiri, seuls les matinaux se levaient à l'heure où les deux shinobis étaient arrivés. Ainsi, en arpentant les rues, ils ne virent qu'un homme bâillant à sa fenêtre, une jeune femme arrangeant un pot de fleurs, un enfant courant après un chat. À part ça, rien. Le désert. Enfin, le soleil ne s'était levé depuis qu'une heure, et il est rare de voir des gens levés à cette heure-là. Mais Kazeshoshi était concentré uniquement sur l'itinéraire que suivait Aurora. Selon toute vraisemblance, ils s'enfonçaient vers le coeur du village, mais il ne savait que ça. Aurora ne lui avait rien dit du tout, et ce serait la surprise.

"Dis, Aurora, reprit Kazeshoshi pour briser le silence, et également satisfaire sa curiosité, comment t'as fait pour entrer dans le village et aller cacher le Gant sans jamais avoir été arrêtée par les autorités ? Me dis pas qu'ils font pas leur boulot, j'te croirais pas...
- Ah, bonne question ! Elle semblait plus décontractée, mais un petit quelque chose dans sa voix indiquait à Kazeshoshi qu'elle lui en voulait toujours un peu de lui avoir joué ce sale tour. Eh ben, en fait, je me suis présentée aux portes un soir d'hiver. Il faisait froid, j'étais habillée comme maintenant et gelée de la tête aux pieds. Alors, ils n'ont rien pu refuser à une faible demoiselle en détresse qui cherchait simplement un abri pour quelques jours, le temps de se remettre en état pour un long voyage... Ils m'ont même invitée, mais ça, c'était hors de question. J'ai pu trouver un endroit où dormir tranquille. Puis je suis restée quelques jours. je cherchais la meilleure cachette possible. Et puis, je l'ai trouvée. C'était un endroit parfait. Je n'ai plus eu qu'à repartir... Elle s'arrêta deux secondes, puis reprit en souriant d'un air malicieux : J'ai l'impression que t'as envie de me poser une question... Vas-y, j'attends !
- Exact... répondit Kazeshoshi en souriant à son tour. Tu changes jamais de vêtements ?
- ... ENFOIRÉ !!! cria Aurora, devenue toute rouge.
- Et le rouge tomate te va très bien... Kazeshoshi rigola devant la mine déconfite de la jeune femme, puis continua. Non, plus sérieusement, je sais que tu ne me diras pas quelle est cette cachette avant qu'on y soit. Alors, à quoi bon te le demander ?"

Il l'avait achevée. Aurora se mordit les lèvres, maugréa quelques mots incompréhensibles et fit de nouveau dos à Kazeshoshi. Le Chunin savait qu'elle avait mal pris ses plaisanteries, mais que cela ne l'empêcherait pas de le conduire au Gant. Impatient de découvrir quelle cachette pouvait bien être si extraordinaire...

Civil Nombre de messages : 803 Age : 31 Date d'inscription : 30/07/2007

"Le... Lac ? T'es pas sérieuse !? T'avais dit "un cachette sûre" !!
- Ce n'est pas tout à fait "le lac", mais un endroit précis au fond de celui-ci. En fait, dès que je suis arrivée, j'ai su que le lac était le seul endroit sûr. Je ne pouvais pas me résoudre à le donner au Mizukage en poste à cette époque - qui est, je crois, le même aujourd'hui. Non pas que je ne lui faisais pas confiance, mais plutôt que je n'étais absolument pas sûre de sa réaction en entendant mon récit. Exploserait-il de rire ? Auait-il peur ? Ou me prendrait-il, comme je l'aurais espéré, au sérieux ? Aucune idée. Donc, j'ai opté pour ce qui me semblait être le plus sûr : un lieu naturellement difficle d'accès. Mais, en fait, il est TRÈS difficile d'accès. Enfin, si j'y suis arrivée, tu devrais réussir aussi, étant donné que tu maîtrises le Suiton...
- Oui... Tu as sans doute raison. L'hésitation du Chunin était perceptible dans sa voix, mais il ne se défilerait pas. Pas après tout ce qu'il avait déjà enduré rien que pour trouver ce Gant. Il ne pouvait pas abandonner, pas si près du but. vas-y, guide-moi..."

Aurora ne se le fit pas répéter. À pene la phrase du Chunin était-elle terminée qu'elle plongea, toute habillée, dans le lac sombre. Kazeshoshi la regarda un instant à travers la surface de l'eau en songeant à la température du lac. Il trembla rien qu'à l'idée de s'enfoncer dans de l'eau à moins de dix degrés, mais essaya de ne pas se décourager. Il hésita un instant, passa la main dans ses cheveux blancs, puis se jeta à l'eau avec ses vêtements. Au sens propre et au figuré. Après tout, il maîtrisait une technique permettant de se déplacer longtemps et rapidement sous l'eau sans avoir besoin de respirer...

Comme il l'avait imaginé, la température du lac était extrêmement basse. On sortait à peine de l'hiver et, après cette nuit froide, l'eau commençait à peine à se réchauffer. Mais c'était imperceptible, et le Chunin avait l'impression de geler sur place. Il se força à bouger, aussi bien pour ne pas refroidir encore plus que pour s'assurer qu'il était encore capable d'effectuer quelques mouvements, puis piqua du nez vers le fond du lac, suivant Aurora qu'il avait déjà presque perdue de vue. Il effectua quelques signes, ralenti par la densté de l'eau autour de lui, et essaya de prononcer quelques mots. Faute d'y arriver, il pensa "Déplacement aqueux" dans sa tête. Une fraction de seconde plus tard, il n'était plus qu'à quelques centimètres des pieds d'Aurora. Il la suivit sans poser de questions - pensée ridicule qu'il chassa de son esprit, sa langue aurait été congelée dans la seconde à laquelle il aurait ouvert la bouche. La jeune femme nageait une brasse fluide et rapide qui semblait s'adapter parfaitement avec les remous de l'eau. Quant à lui, il agitait grossièrement les bras vers l'arrière afin d'avancer.

Au fur et à mesure qu'ils descendaient, Kazeshoshi sentait la pression augmenter sur ses tympans. Il essayait d'oublier la douleur en jetant des coups d'oeil aux poissons qui passaient devant lui, mais il n'arrivait pas à en faire totalement abstraction. À quelle profondeur étaient-ils, à présent ? Dix mètres ? Vingt mètres ? Il n'en avait aucune idée. Depuis combien de temps étaient-ils sous l'eau ? Bientôt trop, il avait déjà du mal à retenir sa respiration. Il espérait qu'il pourrait rapidement rrecharger ses poumons d'air frais, mais il en doutait : il ne voyait aucune issue possible. Au moins, il avait retenu qu'ils nagaient le long de la paroi Est du lac. Au pire, il pourrait retourner à la surface avec sa technique, respirer, et revenir plus rapidement en utilisant fréquemment le déplacement aqueux.

Il n'en aurait pas besoin. Il vit Aurora bifurquer brusquement vers le mur à sa gauche, replonger deux mètres plus bas et disparaître dans la paroi. Dans la paroi ? Il fit de même et comprit comment la jeune femme avait pu pénétrer le mur de pierre immergé. En fait, elle s'était faufilée dans un tunnel étroit que les remous de l'eau empêchaient de repérer par dessus. Kazeshoshi s'y engouffra et, en levant la tête vers la jeune femme, il vit de la lumière. De l'air. La délivrance. Sans hésiter, il réutilisa sa technique de déplacement pour mettre sa tête hors de l'eau. Il émergea, respira un grand coup, et resta à la surface, la moitié de son corps toujours sous l'eau. Il prit le temps de soulager ses poumons, par à-coups, bruyamment. Puis il vit, à côté de lui, la tête d'Aurora transpercer la surface agitée de l'eau. La jeune fille prit de l'air d'un coup, puis tourna la tête nonchalamment pour observer l'endroit, comme si elle n'avait jamais passé trois minutes d'affilée sous l'eau.

Ils se trouvaient dans une grotte miniature, avec un plafond haut de deux petits mètres duquel tombaient quelques stalactites en pierre brune. Kazeshoshi réussit à se cogner le crâne contre l'une d'elles en poussant un juron. Les deux seules issues du lieu étaient l'étroit tunnel aquatique par lequel ils étaient arrivés, et un autre tunnel, sur la terre ferme et aussi haut que la grotte, celui-là, s'enfonçant dans l'obscurité qui dissimulait l'autre bout à la vue des deux shinobis. Enfermé sous la terre, Kazeshoshi se sentait oppressé, mais la confiance manifeste d'Aurora le rassurait un petit peu.

"Bon, alors... On va prendre ce tunnel, on aura une petite cascade à traverser, et puis on y sera."

Kazeshoshi aquiesca sans bruit et, d'un oeil sombre, il regarda Aurora s'engouffrer dans le tunnel souterrain. Il la suivit à la vue mais, très vite, il fut obligé de tâtonner tant il faisait noir. Il s'écorcha les paumes sur quelques rochers pointus dépassant du mur mais, à part ça, rien de spécial. Lorsqu'il se remit à voir quelque chose, ce fut une nouvelle grotte, réplique parfaite de celle qu'il venait de quitter, à part le plafond qui était bien plus élevé, et duquel ne pendaient pas de stalactites mais dans lequel perçait un filet de lumière blanchâtre venant d'un petit trou dans la roche, dix mètres plus haut, et qui procurait à l'étroite caverne sa seule source de lumière. Encore une fois, il y avait un tunnel. Mais celui-là n'était un tunnel que part son étroitesse. Il reflétait une lueur bleue et mobile. Typique d'un reflet de vagues. Et un bruit d'eau était parfaitement audible, quelques mètres plus loin. Le doux et agréable bruit du clapotis des vagues parvenait aux oreilles de Kazeshoshi. Toujours dans le silence, il suivait les pas d'Aurora. Le tunnel allait en montant, et ce fut éprouvant pour les muscles tremblants du Chunin, après sa plongée prolongée. Malgré tout, il arriva devant la cascade annoncée par Aurora sans tomber. La chute d'eau lui rappelait quelque chose.

"Aurora... T'as une idée de l'endroit où on est ? Je veux dire... Par rapport à Kiri...
- Une idée très précise. On est en-dessous de la falaise d'où tombe la cascade du village. En fait, elle tombe de deux côtés d'un rocher usé depuis longtemps par les incessantes chutes d'eau. D'un côté, elle continue à glisser le long de la falaise et sort à l'air libre, se jetant dans la rivière. De l'autre côté... Elle donne ce que tu vois là. Il y a un petit espace derrière la cascade, le Gant est là."

Là. A quelques mètres de lui, ce gant qu'il cherchait depuis plus d'un mois maintenant. Son regard s'illumina. Sans hésiter, il traversa rapidement la cascade, les yeux fermés, en essayant d'ignorer le poids des litres d'eau qui s'écoulaient sur son dos. Lorsqu'il releva les paupières, il vit l'artefact, posé simplement sur le sol poussiéreux.

Au premier abord, le Gant de Tsukiyomi n'avait rien d'exceptionnel. C'était un gant classique de ninja, avec une plaque métallique sur l'endroit qui devait se placer sur le revers de la main. Sur cette plaque métallique, un détail était gravé dans l'acier. la gravure était si fine que Kazeshoshi le reconnut au premier coup d'oeil : le symbole du clan Uchiwa. Il ne savait pas quel était le lien entre le clan et l'Artefact, et la question ne pouvait quitter son esprit. Elle l'obsédait, parasitait son cerveau, le rendait presque fou. Il essaya de la mettre de côté, mais n'y parvint pas. Après une minute passée à rester immobile debout, à contempler le Gant, le Chunin secoua brusquement sa tête, arrosant derrière lui Aurora qu'il n'avait pas entendu venir de quelques gouttelettes d'eau. À ce moment précis, il ressentit une vague de chaleur envahir chaque recoin de son corps. Il reposa le regard sur le Gant, mais rien. Pourtant, quelle pouvait être l'autre explication ? Son instinct lui disait que c'était ça, ses sens aussi. Tout menait à l'artefact. Et tout lui donnait envie de saisir le Gant et de le mettre à la main, juste pour sentir l'effet que cela pouvait bien faire. Impulsif comme il était, il ne pouvait résister à l'envie qui le rongeait. Il se baissa, attrapa le Gant. Étrangement, il était chaud, malgré le temps qu'il avait passé là, seul, abandonné, dans le froid. Le contact avec le tissu noir était agréable. Le Chunin ferma les yeux et sourit, en écho à la sensation qu'il avait en touchant le Gant. Enfin, après avoir savouré cette sensation, il enfila le Gant de Tsukiyomi, à sa main droite, cachant entièrement le tatouage doré de la Triforce. La seule chose étrange, c'est que le Gant continuait d'émaner cette douce chaleur.

Après une minute supplémentaire, Kazeshoshi se tourna vers Aurora.

"Ca y est... On l'a trouvé.
- Oui... On n'a plus qu'à ressortir d'ici. Dépêchons-nous, t'as certainement plein de trucs à faire... Et moi aussi.
Attends une seconde..."

Kazeshoshi fixait intensément un point juste derrière la tête d'Aurora. En fait, il regardait tout le mur, mais il était si concentré dessus que c'en était presque comique. Il avança de trois pas, tendit le bras gauche et aplatit sa paume contre la paroi de rochers. Il fit glisser sa main le long du mur, et s'arrêta brusquement. Il avait sentit une fissure. Il s'accroupit et mit l'oeil contre une fêlure qui trouait toute l'épaisseur du mur, laissant voir, de l'autre côté, la cavité qui se trouvait derrière l'autre côté de la cascade dont avait parlé Aurora. Il y jeta un coup d'oeil furtif, puis s'éloigna dur mur.

"Oui, tu as raison... Dépêchons-nous..."

Le ton rêveur du jeune homme laissa la jeune femme perplexe, mais elle ne le laissa pas voir. Les deux shinobis prirent le chemin en sens inverse, mais plus rapidement cette-fois là. Aurora semblait pressée de quitter le village, et Kazeshoshi avait décidé de ne pas l'en empêcher. Après tout, il lui était redevable et c'était le moins qu'il pouvait faire.

Ils sortirent du lac mais, cette fois-ci, seule Aurora semblait avoir froid. Kazeshoshi, lui, avait l'impression que la flamme intérieure qu'avait amenée le Gant dans son corps ne s'éteindrait jamais. Elle lui procurait une chaleur qui semblait quasi-éternelle.

" Bon, j'dois y aller... J'espère qu'on se reverra !"

Le ton faussement réjoui de la jeune femme disparut rapidement dans un tourbillon de fleurs noires. Kazeshoshi en ramassa une, puis s'assit au bord du lac. Tout en contemplant la beauté de la plante, il réfléchissait intensément. Des adieux pouvaient-ils vraiment se faire si expéditivement ? Non, impossible...

Il devait aller voir Kenda. Il le devait.