Mission rang S : L'infiltration.

Mission rang S duo ( Ayame - Angel ) : Destruction d’une usine d’armement.

Lieu : Village caché du métal.

Spoiler:

Mission délivrée par l’Akatsuki-Kage, Kyûbi.

Il était encore très tôt, mais déjà à l’horizon le ciel commençait à s’estomper dans des nuances plus claires, valsant du noir violacé à un bleu beaucoup plus doux. Un croissant de lune était pendu au beau milieu d’un panache d’étoiles scintillantes, et sa puissante clarté illuminait le paysage sinueux de ces montagnes enneigées, peignant sur leurs versants, blanchis par une fine poudre blanche, des jeux d’ombre au ton bleuté. Les pins supportaient avec courage le poids écrasant de la neige sur leurs branchages, et cela sans jamais vaciller, protégeant leur pied déjà engourdi par le froid d’une paralysie certaine. Des empreintes d’animaux de toutes tailles, allant du lapin à l’ours sauvage, juraient sur cette immense parure immaculée, œuvre parfaite de la Nature où elle même aurait souhaité se peindre.
Un chant d’oiseau brisa alors le silence fantomatique planant jusque là sur les géant de la Terre, et résonna avec une suavité très agréable au travers des grands Êtres de bois de la forêt. Ensuite vint s’ajouter à celui-ci un autre, et encore un autre, puis une multitudes d’autres chants tous plus beaux les uns que les autres. Sommes-nous en droit d’imaginer réveil plus doux dans cette Nature si belle et si trompeuse ?
Du haut de sa demeure, assise sur le toit de son refuge, une créature peu commune à cette région écoutait avec grand plaisir les créatures des Kami emporter dans leur psalmodie tous ses soucis, et cela même juste quelques petites secondes. Elle respirait avec sérénité au travers de lèvres entrouvertes, et une légère buée blanchâtre teintait l’air à chacune de ses respirations, seul point d’attache titillant le regard dans cette scène de paix. Assise en tailleur, et emmitouflée dans une grosse couverture montée jusqu’au menton, elle dissimulait dans ses mains une tasse brûlante de chocolat chaud, réchauffant aussi bien son cœur meurtri que ses mains glacées. Seul son visage était apparent, et l’on distinguait parfaitement à la clarté de la lune ses joues et ses oreilles rougis par ce levée du jour glacial. Ces premières neiges précoces annonçaient l’arrivée d’un hiver bien rude…
Si son corps le lui avait permis, la jeune femme du toit aurait bien grommeler quelques paroles, mais tout ce qu’elle pu faire ce fût expirer encore un peu plus de cette fumée blanche condensée dans l’air. Les muscles de son visage et les tendons de son cou se tendirent, retenant un sanglot, et elle ferma la bouche complètement en serrant ses deux lèvres gelées ensemble avec plus de force qu’il n’en fallait. Elle tordit alors sa bouche scellée dans tous les sens, et éternua d’un seul coup.
Surprise, elle ouvrit grand les yeux en gloussant et écouta d’une oreille distraite l’écho de son tonitruant éternuement. Quelques oiseaux s’envolèrent en brassant l’air de leur grandes ailes engourdies par le froid, et passèrent juste au-dessus de la tête de la femme en lui soulevant sur leur passage bruyant une mèche de cheveux brune. Soulevée par l’air chaud de son souffle, elle se reposa avec lenteur devant ses yeux couleur noisette(bien qu'à la lumière de la lune on aurait pu les considérer comme mauve), et loucha en la regardant effleurer son nez. Elle fût titiller par une nouvelle envie d’éternuer, et elle remit rapidement la mèche en place en soufflant bien plusieurs fois dessus avant qu’elle ne retrouve une place qui lui convienne enfin.
Soudain, elle tourna la tête en regardant derrière son épaule avec des yeux de braise, et contempla avec adoration l’homme qui venait de la rejoindre sans bruit. Il la regardait avec la même intensité, affichant un discret sourire, et s’avança jusqu’à ses côtés dans une lenteur posée. Avec une gentillesse tendre, la demoiselle déroula un peu la couverture moelleuse de son corps et en laissa suffisamment pour que deux personnes puissent s’y réchauffer. Ainsi, avec un air emplit de gratitude, l’homme s’assit aux côtés de sa compagne en s’emmitoufla à son tour dans la chaleur bienvenue en cette nuit froide de la couverture.
Et finalement, brisant le silence, il passa son bras autour des hanches de la jeune femme et lui parla avec une voix grondante de tendresse :

-Kyûbi vient de me faire passer un message. Il nous a envoyé un de ses clones… Il éclaircie un peu sa voix enrouée par les vents glacés de la veille. Nous devons partir en mission ma chérie, rien que toi et moi, avec Yakenfu et Griffin si tu le souhaites. C’est un peu soudain mais je te demande de rapidement faire ton choix Ayame, je dois préparer les provisions pour le voyage jusqu’au lieu où tout devra vraiment se jouer.

La dénommée Ayame conserva l’intensité de son regard sans vaciller tout en hochant de la tête. Jamais elle ne pourrait consentir à partir sans son fidèle ami Griffin… Il est, après tout, son seul moyen de communication avec le monde extérieur.

-Je sais que tu as un peu peur ma chérie. Depuis ton… accident tu n’es plus vraiment la même. Mais ne t’inquiètes pas. Il lui apposa un baiser léger sur le front. Je parle la langue de Griffin n’est-ce pas ?

Ayame esquissa un faible sourire sans rien pouvoir ajouter. Le mutisme est une chose bien cruelle quand on n’a pas eu le temps de dire les mots qui comptent à ceux que l’on aime, avant d’en être frappé du moins.
Depuis son accident dans le pays du Feu, où une de ses erreurs lui coûta ses cordes vocales, la Kunoichi avait perdu l’un des dons les plus précieux que les kami lui avait offert : sa douce voix de miel. Punition pour les horreurs qu’elle avait commises ou simple supplice de plus ? La jeune femme sentait bien qu’elle n’en aurait jamais la réponse.

-Allons-y. Nous sommes déjà en retard.

Ayame avait entendu en même temps que son compagnon le groupe de Ninja découler sur eux, et décida de laisser ce dernier improviser à sa manière. Ainsi, en quelques secondes, il eut non seulement le temps de trouver une solution, mais également de l’appliquer, à savoir une technique Doton consistant à se camoufler sous terre.
Sentant son corps happé par le sol, elle failli ouvrir sa bouche pour avoir un cri de surprise, mais se retint en se disant que de toute façon elle ne pourrait même pas parler… Elle ravala à la place sa salive et se laissa entraîner par la technique ô combien désagréable à subir de son partenaire. Ayame sentit le bras d’Angel s’écarter de elle et elle redoubla son étreinte : tout devint alors complètement noir ; une très forte pression s’exerça sur toute la surface de son corps ; elle n’arrivait plus à respirer, on aurait dit que des cercles d’acier lui enserraient sans relâche la poitrine ; ses yeux s’enfonçaient dans leurs orbites et ses tympans semblaient s’étirer de plus en plus profondément à l’intérieur de son crâne. Puis, soudain…
Elle respira à pleins poumons de longues bouffées d’air et ouvrit ses yeux ruisselants. C’était comme si on l’avait passée de force dans un tuyau de caoutchouc très étroit. Il lui fallut bien quelques instants pour s’apercevoir que les bruits de pas des Ninja avaient disparu. Angel et elle se trouvaient à présent quelques centaines de mètres plus loin de leur position initiale. Sa capacité de compréhension reprenant le dessus, Ayame se rendit compte qu’ils étaient enfin sorti de la clairière, et se situaient à présent sur les rives d’un fleuve si large et si torrentiel que la Kunoichi hésita un bon moment sur la façon avec laquelle ils allaient parvenir à traverser.

-Ca va ? Demanda Angel avec sollicitude. Il faut un peu de temps pour s’habituer aux effets de la technique…

Ayame forma avec ses lèvres un ‘ça va, merci’ en exagérant particulièrement sur les mouvements de sa bouche, et attendit une quelconque réaction de son compagnon. Il lui offrit alors un sourire affecté et se desserra de l’étreinte avec laquelle il avait tant serré contre lui la jeune femme, avant de s’avancer avec lenteur sur les rives du fleuve. Plus il s’en approchait, plus ses pieds s’enfonçaient dans une sorte de mélasse vaseuse et malodorante, s’en retirant à chaque pas dans un bruit de sucions humide écoeurant. Il poussa alors un juron assez grossier, et se protégea l’arrière du crâne par réflexe, sa tête s’enfonçant un peu entre ses épaules et sifflant de douleur à l’avance. Mais rien ne se passa, et il eu l’air même assez comique pour faire sourire sincèrement Ayame.

-Hum ? Angel retira ses mains de m’arrière de sa tête et regarda sa compagne par dessus son épaule. Tu ne me frappes plus derrière le crâne quand je dis un juron maintenant ? Pff, même plus drôle…

C’est dans ce genre de moment qu’Ayame regrettait le plus d’avoir perdu sa voix. Elle aurait tant voulu pouvoir rire à pleins poumons, et vanner encore un peu plus son Angel en le faisant rire à son tour. Mais… Plus jamais elle ne pourrait. Et c’est bien cette perspective qui la rendait encore plus triste. Affichant un air aussi morne et désespérant qu’un condamné à mort, elle le rejoint sur les berges, veillant à ne pas laisser la vase aspirer ses chaussures et la laisser marcher en chaussettes dans la mélasse, tout cela en avançant maladroitement et vacillant même à un moment sous le regard presque amusé d’Angel. Elle poussa alors un soupir exaspéré et sentit son pied glisser hors de son soulier. La boue venait juste de lui happer une chaussures et elle préféra tomber sur l’homme plutôt que de poser son pied dans cette mixture dégoûtante… Elle s’effondra alors sur lui, l’emportant dans sa chute.

-Iééé ! Attention Ayame, on va tomber dans l’ea-

*PLOUF !*

-Eh merde !

Angel se trouvait les fesses les premières dans les eaux marronnasses du fleuve, et on ne voyait plus que sa tête et le haut de son buste au-dessus de la surface. La Kunoichi, quant à elle, était allongée de tout son long sur son amant, leurs jambes entrecroisée sous l’eau. Des gouttes ruisselantes sur ses cheveux et son visage, elle rougit jusqu’aux oreilles et tenta de se relever, mais d’une manière si précipité qu’elle ne fit qu’aggraver la situation… Elle se renversa d’Angel pour aller à son tour plonger une petite tête dans la flotte, et se retrouva complètement submergée.
Ouvrant les yeux sous l’eau et ne distinguant rien d’autre qu’un liquide marron défiler, ne voyant par ailleurs pas plus loin que le bout de son nez, elle s’appuya sur le fond et commença à remonter vers l’air, pour respirer un peu. L’apnée n’étant pas vraiment le fort de la Kunoichi, elle voulu remonter le plus rapidement possible vers la surface et prendre une bonne bouffée d’air frais (quoique l’odeur de vase ne permette pas vraiment d’appeler cela ‘frais’) jusqu’au moment où elle sentit quelque chose buter légèrement contre le sommet de sa tête. Elle força, s’étranglant tant elle avait besoin d’air, mais se sentit repoussée vers le fond. Prise de panique, elle se débattit et donna des grands coups dans tous les sens, avant de sentir finalement un corps chaud se serrer contre le sien et deux bras s’enrouler autours de ses hanches.

(Angel ! A quoi joue-t-il ? je vais me noyer !)

Soudain elle remarqua un mouvement de la part de son compagnon, et constata avec stupeur qu’il venait de coller ses lèvres contre les siennes. Colérique voir même belliqueuse, Ayame tenta de le repousser, en vain, en mettant ses bras comme une barrière entre leur deux corps. De l’eau commençait à s’infiltrer par son nez et lui donnait une furieuse envie de tousser…
Angel tentait d’écarter les lèvres de la Kunoichi, mais son obstination à les garder fermement closes l’obligea à avoir un recourt aux mains ; il écarta sa bouche en lui saisissant puissamment la mâchoire et approfondis ainsi le baiser, avant de lui insuffler de l’air qu’il avait depuis tout ce temps garder dans sa bouche pour lui permettre de respirer.

Mais en quoi avait-il eut besoin de maintenir sa compagne sous l’eau, et l’aider à respirer ainsi ?

Ayame ne mit pas longtemps à comprendre. Elle aperçut aux travers du miroir d’eau marron des Ninja défiler sur les rives du fleuve, et Angel, dans un moment d’urgence, avait finalement décidé de les laisser en vie et de forcer Ayame à se maintenir sous l’eau. Du moins le temps qu’ils soient passés tous les uns après les autres…
Presque soulagée par le choix de son amant, elle songea à quel point les missions d’infiltration devait être pénible pour Angel, lui qui avait plutôt tendance à tuer tous les ennemis qui se présentaient ainsi sur un plateau d’argent. Mais cette mission nécessitait avant tout la plus grande discrétion, et cela demandait de n’éveiller aucun soupçon. une troupe entière qui disparaît aurait plus de chance de leur compliquer la tâche qu’autre chose…

Dans tous les cas, l’air que lui donnait de temps à autre Angel était plus que bienvenu.

-Ayame… Une voix résonnait ainsi dans l’esprit de la Kunoichi depuis quatre heures déjà, l’empêchant de dormir. Ayame, libères moi. Laisses moi m’en aller.

Kuro no Ayame refaisait des siennes, tourmentant la jeune femme et la réveillant à chaque fois que le marchand de sable tentait de l’endormir. Pour ne pas inquiéter Angel, elle feintait de dormir en s’emmitouflant profondément dans le sac de couchage et en laissant ses yeux légèrement fermés. Cependant, la façon avec laquelle elle respirait et ses incessants mouvements ne devaient pas vraiment le rassurer non plus…
Ayant l’impression d’être encore moins fatiguée qu’avant d’être allée se coucher sous les longs branchages du saule pleureur, tombant en rideau et formant ainsi un bon abri, elle repoussa d’un simple mouvement de la main le sac de couchage et se releva d’un bond en pleine forme. Le Chakra de la bête agissait sur elle comme un véritable fortifiant, et elle semblait avoir besoin de moins en moins de temps de sommeil chaque nuit qui passait.
Elle entendit une branche craquer au-dessus de sa tête, et elle vit Angel la dévorer du regard. Ses yeux rouges sang fixes et impassibles semblaient lui demander inconsciemment si elle allait bien, et tout ce qu’elle trouva à faire en guise de réponse fut un bref hochement de la tête. Il sourit alors discrètement et se pencha vers elle avant de lui offrir une main pour l’aider à le rejoindre sur son perchoir.

-Viens… j’ai quelque chose à te montrer…

Sans chercher à en savoir plus, Ayame attrapa fermement sa main et se laissa tirer à ses côtés. Elle avait l’impression d’être aussi légère qu’une plume tant il la soulevait avec facilité, et fut même si surprise de sa vitesse de montée qu’elle s’accrocha aux vêtements d’Angel par peur de monter trop haut.
Esquissant d’abord un sourire amusé, son compagnon la serra contre lui et colla son front contre le sien, leur nez s’effleurant légèrement. Il se noya un peu dans ses beaux yeux noisettes, perdant complètement la notion du temps, et fini par tourner ses yeux vers sa droite, en murmurant de regarder par ce côté.

Intriguée, elle plissa d’abord les yeux en fronçant les sourcils, et tourna son visage vers là où regardait son amant. Ne distinguant pas grand chose, sa vue brouillée par le noir et les branchages feuillues du saule, elle s’avança lentement sur l’avant de la branche en repoussant d’une main experte les feuilles de son passage, et sortit sa tête de l’armature de l’arbre. Une brise glaciale lui frappa soudainement le visage, et un frisson parcourut son dos de l’échine jusqu’à la nuque.
A la clarté bleutée de la lune, elle distingua au loin des lumières, au delà d’une haute colline boisée. D’immenses gerbes de fumées s’étendaient au dessus d’une ville industrielle polluée, et ses lumières rougeâtres éclairaient le bas des nuages de gaz toxiques planant dans l’air. Le haut était, quant à lui, aussi noir que de l’encre de Chine, et se fondait parfaitement dans ce ciel sans étoile, prémisse d’un événement fâcheux.

Ayame devina immédiatement où ils étaient ; à la frontière entre un monde de Nature sauvage, où les fleuves s’écoulaient tous les jours paisiblement et où les animaux vivaient en relative paix, et un monde envahit par l’Homme, où il imposait sa suprématie sur la Nature et les éléments.
Habituée à vivre dans un village sain comme Kiri et dans un palais au beau milieu de contrées montagneuses sauvages à l’Akatsuki, la Kunoichi ne pu s’empêcher de grimacer et de pincer ses lèvres dans un rictus de dégoût. Ce sera la toute première fois qu’elle mettra les pieds dans un pays industrialisé, et le simple fait de voir ces nuages de mort planant au-dessus du village caché du métal ne lui donnait guère envie de s’y attarder. Ayame était et restera une femme de la Nature, aimant vivre avec les animaux et faisant des choses les plus simples ses plus grandes distractions. Qui plus est elle ne savait même pas comment faire fonctionner une télévision, et encore moins capable de conduire une voiture, alors vivre dans une ville… Cela lui était réellement inconcevable.
Prenant une grande inspiration de cet air frais qu’elle commençait déjà à regretter, elle se retourna et retourna se réfugier dans l’enveloppe bienveillante de cet arbre au nom si injustement donné, et se mit à claquer des dents. La chaleur de ses couvertures, la nuit dernière sur le toit de son palais, était déjà bien loin… Dans un élan de gentillesse et d’affection, elle se précipita sur Angel et se serra contre lui en tremblant de froid, cherchant un peu de chaleur chez cet homme qu’elle aimait tant. Ce dernier rie sous cape en écarta les deux grands pans de son long manteau, avant de tirer Ayame contre lui et de les refermer sur elle, espérant la faire profiter au mieux de lui-même. Celle-ci le remercia en lui apposant un léger baiser sur la joue, et enfonça sans ménagement son visage dans le vêtement chaud et presque rassurant de son aimé. Elle faisait tout pour profiter de ces instants, avant que la mission ne débute réellement… Mais elle était très confiante. Elle savait que l’infiltration était ce qu’elle faisait de mieux, et n’avait jamais douté une seule seconde de ses talents de comédienne, chose qui allait sûrement leur servir pour pénétrer au cœur même du complexe industriel du village caché du métal.

-Ma chérie… Angel parla d’une voix faible, et posa son menton sur le sommet du crâne d’Ayame. Je suis un peu fatigué…

La Kunoichi ouvrit grand les yeux, et elle desserra immédiatement son étreinte avant de se glisser du vêtement par le dessous, quittant cette chaleur pourtant si bienvenue en cette fraîche nuit de fin d’été. Le Shinobi tenta de l’empêcher de s’éloigner de lui, mais elle fut trop rapide et avait déjà sauté de la branche, atterrissant avec légèreté sur le sol moelleux du sous bois du saule.

-Ayame…

Angel effectua une série de sceau avec lenteur et concentra son Chakra dans chaque cellule de son corps, avant des les reproduire avec une exactitude ahurissante en une simple implosion de son énergie. Un clone apparu à ses côtés et s’empressa de monter un peu plus haut dans l’arbre, afin de prendre la relève de son créateur.

Ayame venait de s’asseoir par terre, dos collé contre le tronc sinueux du saule, lorsque Angel atterrit juste devant elle, la mine renfrognée. Il n’avait peut-être pas apprécié le fait que sa compagne ne le laisse ainsi sans explications.

-Tu peux me dire ce qui t’as- Oh merde… En voyant l’air miteux et triste d’Ayame, il venait de se rendre compte de sa gaffe.

Le fait qu’Ayame soit muette était si récent que même cette dernière se faisait parfois prendre au piège, ouvrant la bouche pour tenter de répondre à une simple question ou tout bêtement pour dire un mot gentil à son fils, Angel ou Griffin. Et à chaque fois, elle devait se retenir de pleurer tant cela la faisait souffrir. Un muet depuis sa naissance ne peut déplorer le fait que parler lui manque, car il ne sait pas ce que c’est, mais quelqu’un qui a parlé toute sa vie et qui perd sa voix du jour au lendemain… Supplice que la jeune femme se devait de supporter chaque jour de sa nouvelle vie en tant que victime du mutisme, et qu’elle devait endurer en ce moment même où Angel posait ses genoux entre ses jambes pour la serrer dans ses bras, lui décollant son dos du tronc inconfortable de l’arbre. Même dans ce genre de situation, les multiples blessures morales brûlantes de son âme l’empêchaient de ressentir quoique ce soit, et elle n’enroula ses bras autour de son amant que par pur ‘politesse’ à son égard.

-Eh qu’est ce que vous faites là vous deux ?! C’est un territoire privé !

Soudain, trois Ninja surgirent du derrière du rideau des branches du saule, et un bref rayon de lune filtrant au travers des branchages permit de voir à Ayame qu’ils appartenaient tous trois au village caché du métal. Angel, qui leur tournait le dos, poussa un juron comme quoi son ‘BIP’ de clone ne l’avait pas prévenu, et constata avec colère qu’il s’était évaporé. A sa place se trouvait un tas de poussière métallique s’envolant en un seul coup sous une brise froide.

(Pensée de G-A : Il est temps…)

La Kunoichi et son ami à quatre pattes résonnèrent en écho dans leur esprit respectif, sachant parfaitement tous deux que l’heure n’était plus à la rigolade. Fini les « on ne fait que passer » et les « on ne voit pas du tout de quoi vous voulez parler… Des Ninja vous dites ? », car cette fois-ci, ce sera plutôt « l’un point c’est tout » de l’histoire.
Mimant un baiser à l’encontre de son amant, les yeux brûlants, Ayame esquissa un dernier sourire avant de faire valser son visage radieux en une expression grave, impassible. La couleur noisette de ses yeux laissa place à un jaune criard, et ses pupilles s’écrasèrent en deux fentes animales, alors que deux canines blanche comme neige croissaient peu à peu sur sa fine lèvre inférieure. Kuro no Ayame prenait peu à peu l’emprise de son hôte, mais la jeune femme gardait encore juste assez de contrôle que pour pouvoir profiter de cette nouvelle force qui envahissait chaque cellule de son corps malingre.
Et, sans plus de cérémonie, Hyûga Angel et Tenchu Ayame se jetèrent dans la bataille, les yeux reflétant une soif de vaincre déstabilisante pour leurs adversaires.

Alors que les deux humains plongeaient corps et âme dans le combat, les deux loups observaient la scène avec des yeux d’expert, scrutant tous les faits et gestes des trois Ninja du pays du métal, prêts à intervenir. Mais tous leurs espoirs de pouvoir agir s’effondrèrent en quelques instants…

Angel, enchaînant des parades, des contres ainsi que des estocades à une vitesse hallucinante, semblait beaucoup plus amusé qu’autre chose en jouant avec les deux hommes qu’il avait choisi de combattre. Les deux subordonnés étaient en effet ses adversaires, laissant le gros morceau à sa compagne pour également la laisser s’amuser un peu.
Effectivement, de son côté, Ayame affichait un rictus presque indigné par le niveau de son adversaire. Ils devaient tous trois être Chunin, pas plus peut-être moins, car leur vitesse de réaction ainsi que leurs esprits combatifs n’étaient vraiment pas à la hauteur de l’exigence cruelle de l’ex-Sabreuse de Kiri. Alors, plus résignée qu’autre chose, elle ne daigna même pas sortir son Sabre et préféra de loin le combat à mains nues, mélangeant tous les styles et improvisant plus que tout.
Elle préférait en finir vite, mais elle ne devait pas abîmer l’uniforme… Ainsi Ayame ménageait tout de même ses coups ; elle envoya avec une précision fatale une manchette au niveau de la nuque, suivit d’un coup de pied retourné avant même que le corps de sa proie ne s’effondre au sol, qui se vit alors baldinguer sur cinq mètres avant de rebondir plusieurs fois sur le sol en enchaînant une série de tonneaux. Ayame siffla en haussant les sourcils, songeant que ça devait faire vraiment mal, et jeta un coup d’œil en biais au combat de son amant. Il poussait des rires très amusés et semblait prendre un plaisir fou à faire durer le combat, afin de voir le visage déformé par la peur et l’effort de ses deux victimes. La Kunoichi esquissa alors un sourire envieux, jalouse de la capacité de son amant à pouvoir rire de tout et de rien, avant que son attention ne soit à nouveau attirée par son adversaire.

-Je… L’homme était à quatre patte, les yeux fixés sur le sol. Il crache une gerbe de sang et essuya sa bouche avec le revers de sa manche. Je ne me ferais plus humilier ainsi ! Serrant les dents et retroussant ses lèvres, il prit une profonde inspiration et se releva d’un bond et chargea Ayame dans un élan d’espoir criant de détresse et de courage.

(Pathétique…) Pensa-t-elle contre sa volonté. Kuro no Ayame prenait de plus en plus le dessus, critiquant sans raison la détermination de sa proie. (Kuro ! Il fait un beau combat, ne le laisse pas mourir sans dignité s’il te plait ! Je t’en prie, regardes à quel point il fait pitié ce mec. J’vais vite le finir, laisses moi prendre le contrôle.) Indignée, Ayame siffla entre ses dents de l’air que l’on aurait pu apparenté à une vocifération de colère, et contra d’une main le coup de poing du Chunin. Elle saisit la main recroquevillée de l’homme comme elle aurait pu se saisir d’une balle, et se mit à serrer de toutes ses forces, ignorant les cris de douleur et les sanglots retenus sans succès du Shinobi du métal. Soudain, un craquement, suivi d’une multitude d’autres résonnèrent en écho dans la tête de l’ex-Sabreuse, et elle relâcha son étreinte comme un réflexe.

(Ayame, Ayame, Ayame… Des états d’âme comme celui-ci n’avanceront à rien. TA GUEULE KURO ! Laisses moi finir ce combat, et seule ! Je ne veux plus aucune action de ta part comme cette dernière, ces méthodes ne sont pas dignes d’un vrai combat de Shinobi… Boarf, fais comme tu veux, après tout c’est pô mon corps… Heureusement d’ailleurs, je ne supporte pas tes cheveux qui se mettent tout le temps devant tes yeux, c’est d’un chiant à remettre derrière les oreilles tout le temps… Kuro… Okay okay j’me tais.)

En pleine discussion intérieure, Ayame faisait sans s’en rendre compte des mimiques étranges avec son visage, passant du doux visage de la véritable Kunoichi au visage bestial de Kuro no Ayame, et ces brusques changements effrayaient encore plus le Chunin, à genoux et presque en pleurs, tenant son poing brisé fermement contre sa poitrine, recroquevillé tout autour.
Un peu attristée par cet homme en boule à terre, Ayame lui proposa quelque chose en faisant de grands gestes avec ses bras, lui disant de fuir et montrant en levant quatre doigts qu’elle lui laissera quatre secondes pour courir avant qu’elle ne se mette à la traquer. Elle n’eut pas besoin d’en faire plus ; le Chunin détala comme un lapin en direction du village caché du métal derrière la colline, sa main brisée soutenu par celle encore valide au niveau de son buste.

Un. Il était déjà à plus de quinze mètres. Ayame regarda ses ongles en feintant de s’en contreficher.
Deux. Il trébucha et s’étala sur le sol comme une mer**, la Kunoichi étouffa un rire.
Trois. Il se releva et repartit de plus belle à une trentaine de mètres. La jeune femme renifla.
Quatre. Le Chunin poussa un hurlement de terreur qui fendit le ciel en deux, et Ayame pris appui sur son pied posé en avant de son corps.Elle se relança à ses trousses, veillant à ne pas le rattraper trop vite, histoire de le laisser espérer. Elle en profita alors pour observer un peu les alentours.

Le ciel était sombre, quoique dégagé. Une brise légère soufflait. Un nuage opalin couronnait les collines environnantes. Entre leur sommet filtrait la lueur rougeoyante qui teintait la pleine lune. Des torrents coulaient le long des parois, fruits de petits lacs sur leur flanc qui scintillaient dans la pénombre. Un brouillard mélancolique s’étendait dans la vallée ; il était si épais qu’on n’en distinguait pas le fond ; les collines étaient comme suspendue dans les nuages, sans attache ni support les reliant.
Ayame était habituée à subir toutes sortes de conditions climatiques. Elle connaissait les aléas de l’adaptation sur le bout des doigts. Des sourcils froncés surmontaient ses yeux noisette au regard insoutenable. Ses vêtements étaient salis par des jours de voyage et de recherches innombrables. A sa ceinture pendaient des parchemins, des cartes, des Kunai et une gourde vide depuis quelque temps déjà. Un Sabre fixé sur son dos et une grande cape de cuir noir complétaient son attirail.
La traque avait emmené Ayame jusqu’aux collines avoisinantes celle derrière laquelle se trouvait le village, et elle finit par décider d’en finir enfin, de mettre un point à cette vie qu’elle coursait depuis quelques Kilomètres déjà. Elle sentait dans toute sa chair la présence rassurante de son Griffin, qui la suivait depuis son départ de l’aire de combat, et commençait à ressentir également la présence de son rival Yakenfu, ô combien machiavélique loup d’Angel.
Concentrant son Chakra dans la plante de ses pieds, constatant avec satisfaction qu’elle n’avait pas eu à en user jusqu’ici, elle passa à la vitesse supérieure, à tel point que la dizaine mètres la séparant encore du Chunin furent réduite à néant en une fraction de seconde. Ce dernier, sentant avec horreur la présence de la jeune femme dans son dos, hurla, hurla et hurla de plus en plus fort toute la terreur qui le parcourait, qui lui donnait envie de vomir ses entrailles contre le tronc d’un arbre. Mais soudain, les cris cessèrent. Une masse lourde et raide s’effondra sur le sol, se traînant sur quelques mètres dans la boue, entraîné par l’élan de sa course folle.
À la lueur de la lune, filtrant avec une présence presque magique entre les feuillages des arbres, un homme était étendu sur le ventre, de grands yeux ouverts et fixes, sans point d’attache particulier. Un filet de sang très léger coulait d’entre ses lèvres décharnées. Ses respirations saccadées eurent pour bouquet final un râle d’agonie, étouffé par la terre et la boue obstruant ses voies respiratoires. Un liquide chaud et rougeâtre s’écoulait d’une plaie béante et large de plusieurs centimètres au niveau de sa nuque, laissant à vif la chair et les os.
Sous ces ignominies devenues presque habituelles, Ayame s’accroupit vers la tête de sa victime et en ferma les yeux, déposant avec douceur ses paupières sur ses yeux exorbités et immobiles. Fixant avec un regard confus et presque indigné son dernier meurtre, elle laissa s’écouler une minute d’un silence pesant, avant de retirer avec une douceur presque tendre les vêtements du malheureux Chunin. Elle retira tout, laissant juste le pagne qui lui servait de sous-vêtement qu’il portait sur lui, avant de s’y glisser, surprise de la douce tiédeur qu’ils dégageaient.

Après une dizaine de minutes, Ayame s’était débarrassée du corps, veillant à ne laisser absolument aucune trace du combat. Elle avait même utilisé un peu de ses talents en matière de Ninjutsu aqueux pour laver le sang séché de l’uniforme du Chunin, et se rendit un peu plus présentable en se recoiffant un peu, aidée par son reflet dans une flaque d’eau au pied d’un torrent.
Elle tenta de se rendre aussi jolie que possible, laissant ses longs cheveux raides tomber sur ses épaules et se nettoyant le visage et la peau. Enfin, elle sortit de sa sacoche de quoi se maquiller très légèrement, songeant à quelle bêtise pouvait être réduits les hommes en présence d’une femme qui semblait prendre soin d’elle. L’infiltration dans un monde constitué presque exclusivement de mâles était rendue bien plus facile aux jolies demoiselles… En effet, sans complexe, tendre dans ses gestes et plutôt belle, la Kunoichi avait déjà usé quelque foi de ses charmes pour venir à bout de certains adversaires, et la technique s’était avéré à chaque fois concluante… Ah ! Les hommes, pensa-t-elle, amusée, avant de boucler ses affaires et de s’avancer à la rencontre des deux loups. Elle les avait repéré entre deux grands chênes, caché dans l’ombre de leurs feuillages, et s’enquit de se retrouver avec eux le plus rapidement possible. Griffin, quant à lui, poussa un grognement surpris en voyant à quel point sa maîtresse pouvait être jolie, comme ça, à la lueur de la lune rouge.

(Bon, Ayame ne devrait pas avoir de problèmes pour l’infiltration, mais je me demande bien où en est Angel…)

Laisser ainsi Angel se débrouiller seul déchirait le cœur instable de la Kunoichi. D’ailleurs, le dernier regard qu’il lui lança discrètement la mit si mal à l’aise qu’elle retînt un sanglot avec une difficulté harassante. Mais elle avait bien compris, elle n’était pas comme ces gens si naïfs, obstinés à rester avec les êtres qui leur étaient chers pour une simple question d’honneur. C’est donc avec un goût pâteux dans la bouche qu’elle détourna son regard de la personne aimée, elle qu’elle s’enfuit en compagnie de Griffin et de Yakenfu en direction du village caché du métal. Des bruits de combat commençaient à s’élever dans les airs, des entrechoquements de métal étincelant, des hurlements de douleur et d’effroi. Le sang d’Ayame ne fit qu’un tour, troublée par ces sons résonnant aussi joyeusement qu’un chant mortuaire. Elle tenta alors de faire abstraction de tout cela, et se focalisa plutôt sur tout ce qui se passait en ce moment même autour d’elle. Et pour cela, elle n’avait pas trente-six solutions… Concentrant en premier lieu son Chakra dans son système olfactif et dans les filaments constituant ses tympans, elle finit par malaxer le reste de son énergie dans ses pupilles, alors écrasées en fentes et profondément ancrées dans un monochrome jaune criard. Soudain effectua-t-elle, pour une des toutes premières fois, ce à quoi elle passait la majeure partie de son temps lors de ces entraînements.

(Okaigan.) Pensa-t-elle si fort qu’elle aurait pu croire que Griffin l’eut entendu.

Une incantation informulée, si bien effectuée que l’effet n’en fut que plus appréciable. Un reflet pourpre apparu dans l’encadrement de ses pupilles, symbole de la réussite de sa technique : le Dojutsu des Rokusho. Ainsi, mêlant à la fois un odorat infaillible, une ouïe fine et un regard aussi perçant que les yeux d’un faucon, et au moins aussi efficace qu’un Sharingan pour ce qui est de repérer les flux de Chakra, Ayame afficha un air réellement satisfait avant de reprendre la route, veillant à ne pas laisser transparaître sur son visage toute l’inquiétude qu’elle portait en ce moment même à Angel. Et, bien qu’elle fît tout pour rayer les bruits de son combat de son écoute, elle ne parvenait pas à détacher cette image de sa tête : ce sourire affecté, presque alarmé.
Elle se tapota les joues pour se ressaisir, et serra les dents en pinçant les lèvres. L’infiltration commence, et un Ninja se doit de faire abstraction de ses sentiments lors de chacune des missions auxquelles il participe. Mais là, c’était trop demandé pour elle. Certes, elle était une Kunoichi exempte de tout reproche, et son office à jusqu’ici été irréprochable, mais elle ne pouvait éloigner ce sentiment de profond malaise en elle. Toute son attention se focalisa peu à peu sur les paroles de l’homme qu’elle aimait, et cela bien qu’elle en soit maintenant éloignée de plusieurs kilomètres, slalomant entre groupes de Ninja et arbres aux branches frappeuses et basses. Mais c’est là que quelque chose de dangereux se produit… Elle perdit même sa concentration sur la prison de Kuro, et elle vola en éclats, inversant en un simple centième de seconde les rôles en les deux protagonistes.

Une goutte de sueur coulait dans le cou de la Kunoichi, et miroitait aussitôt exposée au halo lunaire. De fins rayons lumineux filtraient entre les branchages des arbres, donnant aux yeux d’Ayame une lueur scintillante de soif de violence. Ses canines dépassèrent de peu ses lèvres, et les fentes pourpres de ses yeux devinrent si écrasées qu’on ne pouvait maintenant distinguer autre chose qu’un semblant de ligne au milieu de l’œil, aussi épais que du fil à aiguille, enveloppant ainsi la jeune femme de toute sa puissance maléfique. C’est alors que le loup à ses côtés poussa un grognement de surprise, marquant un mouvement de recul et baissant ses oreilles jusque sa nuque. Le double était là, devant lui, prenant totalement le contrôle du corps si frêle et si mince de la Shinobi, et enfermant son véritable esprit derrière un mur inébranlable : celui de sa propre folie. La créature esquissa sur des lèvres qui n’étaient en aucun cas les siennes un sourire discret, comme si elle savourait en silence sa nouvelle victoire face au fébrile esprit d’Ayame. Elle était partie, emmurée par une âme plus forte que la sienne, et ainsi prisonnière par un passé non désiré.

(Mouhahahaha ! Tu vois Ayame ? Voilà ce que se passe lorsque tu perds ta concentration. Dois-je comprendre par cela que ton esprit est aussi faible par rapport au mien qu’un rameur face au courant d’une chute ? Une chute… Quel splendide mot que pour te définir Kuro. Sarcastique ? Nan, en rogne plutôt. Humf…)
(Pensée de G : Kuro, j’espère que tu as prévu de te casser vite fait, parce que là on a besoin d’Ayame sur ce coup-là.)
(Pensée de K : Ta gueule j’veux pas t’entendre sale clebs.)

Griffin retroussa ses babines, prêt à grogner, mais se retint de justesse au moment où Yakenfu annonça l’arrivée d’un nombre important de Ninja se dirigeant dans leur direction. Les deux ennemis mirent donc leurs petites affaires à plus tard et poursuivirent leur progression dans le petit-bois en direction du village caché du métal.
La végétation devenant apparemment plus dense juste au alentour du village, probablement pour une question de sécurité face aux grandes armées, leur évolution ne cessait d’être de plus en plus lente et fastidieuse. Plusieurs fois Kuro, dans le corps d’Ayame, se prit les cheveux dans des branches ou s’écorchait les mains contre des massifs de ronces particulièrement agressifs (selon lui bien entendu). Griffin et Yakenfu, quant à eux, semblaient contrairement à l’aise dans ces environnements étroits, ondulant leur long corps souples entre les arbres entremêlés des sous-bois bois et reniflant chaque seconde l’air ambiant avec la même application de zèle. Le sol, parsemé de feuilles mortes et de terre humide, amortissait les bruits de pas des trois personnages, et leur faisait faire de grande économie de Chakra en matière d’infiltration silencieuse. Des bouleaux aux troncs blancs de plus en plus noirs au fur et à mesure qu’ils s’approchaient de leur objectif final donnaient aux deux loups autant envie d’y aller qu’un saint-bernard n’aurait envie de labourer un champ de navets. Sans compter le fait qu’étant des animaux habitués à une Nature belle et soignée, la pollution était encore quelque chose de nouveau à leurs yeux. Quelque chose aussi bien nouveau que terrifiant… Nombres de légendes urbaines courraient sur le compte de telles villes industrielles, telles les histoires de maladies qui apparaissaient chez les ouvriers par exemple.
`
-Hep ! Yakenfu ! Murmura alors Griffin à son rival. Je crois que nous sommes juste à côté de la ville, qu’en penses-tu ?
-En gromlbllblbl… Grommela-t-il.
-Quoi ? Souffla le noiraud avec insistance.
-No- oui.
Le loup d’Angel semblait se répugner à avoir la même idée que son congénère Kurokage, et balbutiait ses mots en tentant de les masquer un maximum. Griffin, quant à lui, prenait un plaisir fou à tourmenter ainsi ce pauvre animal.

-Okay, j’aperçois les lueurs du village au travers des arbres. Nous sommes à la lisière de la citée industrielle à en croire les odeurs qui me transpercent la truffe en deux.
-Chochotte.

Alors que les deux loups commencèrent à se disputer, valsant ci et là des coups de dents puissants, Kuro No Ayame les ignorait complètement et s’avança jusqu’aux derniers buissons composant la forêt, frontière entre la Nature et la pollution de l'Homme. Écartant avec des mains expertes les feuilles, elle laissa une ouverture pour ses yeux, et lui lançant tout le loisir d’admirer son nouveau terrain de jeux.
Ce n’était vraiment pas une ville comme les autres…

(/ Flash-back ON /)

-Okay, j’aperçois les lueurs du village au travers des arbres. Nous sommes à la lisière de la citée industrielle à en croire les odeurs qui me transpercent la truffe en deux.
-Chochotte.

Alors que les deux loups commencèrent à se disputer, valsant ci et là des coups de dents puissants, Kuro No Ayame les ignorait complètement et s’avança jusqu’aux derniers buissons composant la forêt, frontière entre la Nature et la pollution de l'Homme. Écartant avec des mains expertes les feuilles, elle laissa une ouverture pour ses yeux, et lui lançant tout le loisir d’admirer son nouveau terrain de jeux.
Ce n’était vraiment pas une ville comme les autres…

(/ Flash-back OFF /)



La première chose qui frappait le regard dans cette étendue urbaine, c’était la grande pyramide en son centre. Comme une pyramide Aztèque, des centaines et des centaines de blocs rocheux élevaient quelque chose de gigantesque, de tout simplement impensable. Une immense cheminée crachait des gerbes de fumée noire. Le Soleil, se levant peu à peu au-delà de l’horizon, était troublé par la chaleur industrielle dégager par les multiples industries. Kuro no Ayame se mit à tousser, les yeux lui piquaient. Une épaisse fumée lui brouillait les sens. Elle cligna des paupières et essuya ses larmes. Près du sol, l’atmosphère s’éclaircissait, donnant un faible aperçu des enchevêtrements de maisons carrées et d’usines plus ou moins grandes selon les quartiers. Le voile de fumées noires et vertes filtrait les rayons du Soleil, n’éclairant que d’une façon minime la vallée. Ici et là, des troués dans le ciel laissaient passer de pâles rais de halo solaire, qui frappaient le sol, tels des piliers de verre translucides, vite avalés par les nuages toxiques mouvants. La ville s’étendait sur plusieurs Kilomètres, et une enceinte d’une trentaine de mètres, faites de béton, de barbelés et de grillages électrifiés, l’entourait dans un cercle parfait, dont le centre semblait bien être la tour Aztèque.

Kuro no Ayame comprit immédiatement de quoi il en retournait. Ils avaient d’abord pour objectif de franchir le mur, ensuite de traverser la ville, et enfin de détruire l’usine d’armement, sans aucun doute dissimulée sous l’apparence trompeuse de la Tour pyramidale…
Sans plus de cérémonie, la créature de l’Akatsuki jeta un regard derrière son épaule, et fixa avec des yeux injectés de sang les deux loups encore et toujours en train de se disputer. Kuro eut alors recours à un brusque changement de flux dans son corps, et une couche de Chakra émana des pores de sa peau, prêt à exploser d’une seconde à l’autre. Les deux animaux se figèrent dans leurs mouvements, Griffin les crocs prêts à se refermer sur la nuque de Yakenfu et ce dernier visant avec sa tête le poitrail de l’autre. Gênés et un peu honteux, ils s’assirent tous deux bien calmement, et attendirent sans un bruits les ordres.
Le regard toujours en biais, Kuro entrouvrit les lèvres et laissa s’échapper un son grave, presque guttural de son gosier. Des grognements, suivis de couinements et de toutes sortes de sons animales s’élevaient dans l’orée du bois, comme un chant mortuaire, une plainte d’agonie. La créature expirait et inspirait de l’air en modifiant la configuration de sa gorge, de son palais et de sa langue, ainsi que l’ouverture de ses lèvres, et produisait ainsi des sons saccadés, semblables à des respirations. Le langage Kurokage était ici utilisé dans sa forme la plus bouleversante. Celle où les mots ne voulaient rien dire, juste un chant sans signification, sans plaisir pour le chanteur. À la manière des Inuits, Kuro psalmodiait.
Griffin ne pu s’empêcher de trembler sous l’émotion. C’était la première fois qu’il l’entendait. Le chant des Mutistes. Une façon de s’exprimer différente, unique au Monde. Il ferma les yeux et retroussa le coin droit de ses babines, laissant découvrir une petite partie de ses crocs.
Soudain, le chant cessa, et une voix aussi cinglante qu’un Katana fendant l’air en remplaça la triste mélodie dans l’âme toute entière de Griffin.

(Pensée de KnA : Voilà, tout est en place. Le Genjutsu est lancé…)
(Pensée de G : Hum- QUOI ? Tu as… Tu n’avais pas le droit Kuro !)
(Pensée de KnA : Et qui m’en aurait empêché ? TOI ? Ahahaha ! Quelle bonne blague !)
(Pensée de G : Tu n’avais pas le droit… Tu as profané le chant des Mutistes… Que la honte s’abatte sur toi ! Jamais ce chant ne doit être utilisé à de telles fins !)
(Pensée de KnA : J’m’en contrefiche totalement. Maintenant au moins, mon meilleur atout vient de toucher toute la ville. Regardes !)

Kuro montra du doigt la ville, au travers des feuillages du buisson. Or, Griffin ne pouvant rien voir de là où il était assis, en retrait par rapport à l’orée du bois, il se leva avec une certaine curiosité dépeinte sur ses traits, et passa le bout de sa truffe au travers du buisson. Il tira d’abord une grimace plutôt comique, révulser par l’odeur de la citée industrielle, et finit par jeter un coup d’œil sur les infrastructures.
Tout semblait s’être arrêté. Le temps semblait comme figé. On voyait sur la ronde de garde, située tout le long de l’enceinte, des Shinobi effondrés au sol, paisiblement endormi et malheureusement bien naïfs… Un terrible Genjutsu, à la portée gigantesque, venait de frapper la ville tout entière. Le loup noir aux yeux jaunes n’arrivait plus à prononcer un son, totalement abasourdis par l’exploit. Jamais il n’aurait imaginé que Kuro possédait une telle puissance et de tells Jutsu dans son sac, et encore moins qu’il allait se donner la peine d’endormir tout le monde… Après tout, son plus grand plaisir était quand même de tuer directement ses adversaires, et cela sans aucune précaution que ce soit. Soudain, Griffin sursauta. Yakenfu venait de le rejoindre, et il semblait tout aussi impressionné que lui. Était-il possible qu’un Homme soit capable de chose pareille ?

(Humf… Comme si Kuro était un Homme… Un monstre qui fait honte à notre espèce…)

Et c’est alors que la créature de l’Akatsuki passa au travers des buissons, prête à infiltrer la ville. Une expression proche de la folie se dessina sur son visage, et les deux fentes de ses yeux jaunes criards s’écrasèrent une nouvelle fois… Que tournait-il en ce moment dans sa tête de démago ?

Kuro descendait la colline à toute vitesse, s’enfonçant peu à peu dans la Vallée où était implantée la ville. Le paysage défilait devant ses yeux à une vitesse telle qu’il ne parvenait plus à distinguer les arbres des pierres, les animaux affolés par son passage des vestiges d’une mine de Charbon. Les deux loups le suivaient avec une certaine arrière-pensée, craignant que le fait d’aller aussi vite, et avec autant de bruits n’alertent les probables Ninja qui auraient échappé au Genjutsu, et qu’ils les mettent ainsi profondément en danger. Oubliant quelques instants leurs rivalités, Griffin interpella Yakenfu du regard et lui demanda d’un simple mouvement de la tête de tenir lui aussi Kuro à l’œil. Le loup d’Angel, un peu titillé par l’attitude de son congénère, approuve tout de même en lui adressant un petit clin d’œil en biais.
Au bout de quelques minutes, ils parvinrent au pied de l’enceinte de la ville, et la franchirent avec une telle indiscrétion que Kuro se demandait avec nonchalance ‘pourquoi ces pitits Ninja sont endormis coume ça ?’. Seul le grésillement des grillages électriques s’élevait sur les remparts, accompagnant le bruit de leurs pas. Des corps de Shinobi endormis, le visage serein, jonchait le sol. Un rayon de Soleil pu percer le nuage toxique qui se dissipait peu à peu, et révélant sur ces visages à l’apparence si belle une couleur noirâtre, maladive. La pollution avait des conséquences bien tristes sur ces personnes, et peut-être était-ce la cause de leur manque d’initiative. Tous endormis, ils sombraient dans un sommeil sans rêves, frappés par quelque chose qui les dépassait. Le Genjutsu avait été d’une efficacité redoutable.

Contemplant quelques instants les corps immobiles, ils détournèrent tous trois le regard et se projetèrent vers l’avenir. Leurs yeux se déposèrent sur la ville, où, du haut des remparts, l’on pouvait voir d’autres corps s’entasser dans les rues. Et c’est alors, qu’avec une expression relativement blasée, ils sautèrent de l’enceinte et se mirent à courir en direction de la pyramide Aztèque, quasiment persuadés que l’usine d’armement se cachait en son sein. Ils parcoururent alors les rues à une vitesse hallucinante, et sur leur passage se soulevèrent des feuillets d’inscription à une université du génie civil, apparemment en manque d’élève depuis quelque temps. Un vieillard arborant un bandeau frontal du village du métal était effondré sur un chapeau rempli de piécettes, et l’on pouvait remarquer qu’un enfant en haillons regardait avec une attention toute particulière le chapeau juste avant de s’endormir à son tour. On aurait dit une ville fantôme, où partout le temps s’était figé.

(On dirait qu’ils sont tous morts… Quelle technique…)

Sans personne pour les gêner dans leur progression, ils atteignirent rapidement la tour, encore plus imposante et écrasante qu’ils ne se l’étaient imaginé. D’immenses blocs rocheux, entassés les uns sur les autres en une immense pyramide. Kuro, Griffin et Yakenfu se trouvaient au pied d’escaliers aux marches épuisantes rien qu’au regard, et ils s’échangèrent quelques regards inquiets. Ils devraient grimper ça ? La créature de l’Akatsuki poussa un soupire. Rien que l’idée de devoir monter au sommet de cette tour la rendait malade. Une tour de plusieurs centaines de mètres de haut, le genre de truc qui vous donne un goût de sang dans la bouche avant même d’en être arrivé au milieu.
C’est alors qu’ils commencèrent à gravir les marches, d’une hauteur variant entre les soixante et les soixante-dix centimètres. Le Chakra semblait comme aspiré par leurs pieds, et ils étaient privé de toute aide de la part de leur Chakra. Les marches s’accumulaient, laissant dans les mollets de Kuro une lancinante musculaire. Au bout d’une dizaine de minutes de sueur et de fatigue, ils atteignirent la moitié de la hauteur faramineuse de la tour Aztèque et firent une pause, accablée aussi bien par la chaleur que les voiles de fumée toxiques qui, poussés par le vent, embuaient leur sens et troublaient leur voies respiratoires. Et là, arrivé à la moitié, ils commençaient à se décourager. Finalement, Yakenfu se remit à gripper, incitant ainsi ses compagnons à le suivre, et tout recommença, avec par dessus tout les marches qui devenaient de plus en plus hautes, à un tel point qu’il fallait maintenant qu’ils sautent ou s’aide de leur mains pour les gravir. Et enfin…
Arrivés au sommet, ils se sont retournés. Ils dominaient toute la ville. Les remparts, les maisons, les Villageois et Shinobi endormis n‘étaient pas plus grand qu’un doigt de cette hauteur, mais tout paraissait pourtant si immense… Ils ont fait quelques pas vers une entrée sans porte, la démarche titubante. Ils s’appuyèrent contre les murs pour s’aider à marcher. Kuro sortit une lampe de son sac et la pointa dans l’obscurité du couloir, derrière l’entrée. Cela avait l’air humide et sombre, et donnait sur un autre couloir étroit qui partait sur la gauche et qui s’enfonçait dans les entrailles de la pyramide avec un escalier descendant aux marches minuscules, plus petites que la longueur d’un pied.

(C’est pas vrai… Ils nous narguent ou quoi ?)

-Il faut prendre les escaliers, a dit Griffin.

Sa voix résonna dans les ténèbres.

-Comment tu le sais ? Yakenfu a chuchoté.

Griffin n’a pas répondu. Ils s’avancèrent encore un peu, et entamèrent la descente. Une centaine de marches se succédèrent jusqu’à une porte métallique coulissante, bloquée par une sorte de verrou électronique à en croire le panneau fluorescent sur sa droite. Kuro a braqué la lampe sur le panneau, et afficha un air maussade. Comment entrer ? Sans se poser plus de question, il poussa un soupire exaspéré et se retourna vers la porte.

(KATON ! L’épée de Feu !)

Il saisit avec une vitesse effroyable le pommeau de sa lame, et la retira de son fourreau, solidement fixé sur son dos. Des flammes lumineuses et brûlantes apparurent sur sa fine lame, prenant une couleur bleutée, presque verte, et la créature de l’Akatsuki l’abattit sur la porte sans une quelconque cérémonie.
La lame s’enfonça alors dans le métal comme dans du beurre, et il découpa un trou en forme de cercle, avant de retirer la lame d’un coup sec, et de donner un coup de pied dans le métal coupé pour qu’il tombe au sol, de l’autre côté. Puis, ils ont regardé à l’intérieur sans dire un mot. Quelque chose remontait le long de l’œsophage de Griffin… Le trac peut-être ? En tout cas, il ne se sentait pas très bien…

-Hum… Ca roule toujours ? Demanda Yakenfu à son homologue et rival.

Le loup noir a fait signe que bof. Il ne savait pas ce qui se passait. Il était tout simplement hypnotisé.
L’intérieur… C’était incroyable.